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vendredi 22 avril 2005

"Le Musée du Silence" de Yoko OGAWA


Un pays imaginaire, une région marécageuse et forestière reculée et boudée par les touristes, un monastère perdu dans les marais et dont les moines sont appelés « les prédicateurs du silence », et un village tranquille entourée d’une vaste forêt impénétrable, voilà le cadre où se retrouve un jeune muséographe habitué à la vie trépidante de la ville, suite à son engagement par une dame âgée, propriétaire d’un manoir situé non loin du village.
Ce qu’on attend de lui ? mettre en place dans les anciennes écuries du manoir un « musée du silence » où y seraient exposés des objets ayant appartenu aux personnes décédées du village depuis des décennies, objets caractérisant d’une part l’activité professionnelle des personnes défuntes, et d’autre part un lien avec leur décès. Le jeune muséographe sera aidé dans sa tâche par la fille adoptive de la châtelaine, ainsi que par le jardinier du domaine.
L’idée d’origine de ce musée était venue à l’esprit de la châtelaine lorsque alors jeune fille, elle eut ramassé à terre le sécateur de l’arrière grand père de son jardinier, mort subitement alors qu’il taillait des rosiers, sécateur qu’elle décida de conserver en souvenir de cet évènement tragique.

Si une quantité impressionnante d’objets en rapport à des décès antérieurs à l’arrivée du muséographe sont à étiqueter et à classer, celui-ci est aussi chargé de rapporter du village des objets de villageois décédant après son arrivée, tâche le désorientant au plus haut point, car le sortant de ses compétences mais dont il se laisse convaincre par la vielle dame.

A titre d’exemple, le premier objet qu’il est chargé de récupérer est en relation directe avec une curieuse coutume du village, à savoir que quiconque réussissait à passer sa tête dans un trou pratiqué dans une certaine planche en bois était exonéré d’impôts. Bien sûr, certains villageois échouant de peu dans cette épreuve n’hésitèrent pas à faire appel un chirurgien avide d’argent, ce dernier réduisant clandestinement les oreilles de ses patients à l’aide d’un instrument appelé « le scalpel à rétrécir les oreilles », ce qui permettait aux villageois malchanceux de ne pas payer d’impôt eux aussi. Le scalpel du chirurgien fut donc le premier objet récupéré clandestinement dans la demeure du chirurgien.

Le muséographe se passionne peu à peu par sa tâche, oubliant l’aspect illégal de la récupération des objets des défunts effectuée à l’insu des familles; hélas pour lui, les choses tournent mal lorsque plusieurs meurtres perpétués dans le village rendent son travail dangereux pour lui-même – en effet, les autorités le soupçonnent d’être l’auteur des meurtres, lui même étant peu de temps après sur les lieux des crimes et possédant un couteau identique à l’arme du crime, couteau que le jardinier lui avait offert …
Perturbé, il décide alors de fuir en se rendant à la gare d’où il était arrivé, mais bizarrement, et comme pour le retenir, aucun train ne vient, l’obligeant de revenir au manoir.

J’ai trouvé que ce livre était empreint de nostalgie de par la description des objets enveloppés de silence caractérisant la vie simple des personnes défuntes qui ne sont plus là pour nous parler de leur quotidien. Ce livre se lit sans effort de bout en bout, et l’intérêt du lecteur ne se relâche pas un instant.

MICHEL

mercredi 20 avril 2005

"Le Monde selon Garp" de John IRVING



On aurait pu croire que le processus de création d’un roman puisse se faire dans un climat studieux et appliqué, avec force documentation et études des comportements humains…or, il n’en est rien pour l’écrivain Garp, personnage satirique créé par John IRVING dans son livre, l’auteur nous décrivant l’existence de celui ci comme légère, décousue, parsemée d’évènements cocasses, le hasard jouant un grand rôle dans le déroulement de sa vie qui se déroule bon gré, mal gré, et dans laquelle Garp s’emploie à la création littéraire du mieux qu’il le peut.

Ce livre nous conte une histoire ayant lieu durant la seconde guerre mondiale, aux Etats-Unis : Jenny FIELDS, infirmière par son métier et jeune femme anticonformiste au sein d’une famille aisée, a décidé de se passer d’homme pour vivre sa vie tout en voulant avoir un enfant.

En ce temps de guerre, en quête d’un géniteur pour son futur enfant, et ne voulant surtout pas s’embarrasser d’un homme, elle trouve néanmoins celui-ci parmi les nombreux blessés à demi inconscients n’ayant que quelques jours à vivre tout au plus. C’est ainsi que put venir au monde son fils Garp.

Infirmière au collègue d’une ville américaine, Jenny FIELDS y élèvera son fils, celui-ci ayant une enfance et une adolescence sans histoire, mais jalonné de quelques anecdotes que l’auteur, John IRVING nous décrit avec un humour facétieux.

Garp fait connaissance d’Helen HOLMES, fille du professeur de lutte du collègue, et qui deviendra plus tard son épouse

Ayant achevé ses études, celui-ci décide de devenir écrivain, et en compagnie de sa mère, séjourne en Autriche durant 15 mois, période durant laquelle il écrit un premier roman aux résonances kafkaïennes qui ne rencontrera pas le succès escompté.

Profitant de l’occasion, sa mère qui a quitté sa profession d’infirmière décide d’exercer la même que son fils, c'est-à-dire « écrivain »

A l’issue de ce séjour en Autriche, c’est le retour en Amérique, le mariage de Garp et d’helen puis la naissance de deux enfants, portait d’une famille sortant de l’ordinaire de par sa façon de vivre .

Jenny, sa mère, écrit alors son premier ouvrage « sexuellement suspecte », qui est son biographie et qui est promis au succès ; Elle devient un personnage emblématique du féminisme, défendant par exemple les hommes désireux de se faire opérer pour devenir des femmes.

Garp écrit ensuite son second roman, dont l’intrigue, désopilante, se déroule durant la seconde guerre mondiale à Vienne ; ce livre aura hélas encore moins de succès que le précédent.

MICHEL

"SUKKWAN ISLAND" de David VANN



QUATRIEME DE COUVERTURE:

Une île sauvage du Sud de l’Alaska, accessible uniquement par bateau ou par hydravion, tout en forêts humides et montagnes escarpées. C’est dans ce décor que Jim décide d’emmener son fils de treize ans pour y vivre dans une cabane isolée, une année durant. Après une succession d’échecs personnels, il voit là l’occasion de prendre un nouveau départ et de renouer avec ce garçon qu’il connaît si mal. La rigueur de cette vie et les défaillances du père ne tardent pas à transformer ce séjour en cauchemar, et la situation devient vite incontrôlable. Jusqu’au drame violent et imprévisible qui scellera leur destin.

Sukkwan Island est une histoire au suspense insoutenable. Avec ce roman qui nous entraîne au cœur des ténèbres de l’âme humaine, David Vann s’installe d’emblée parmi les jeunes auteurs américains de tout premier plan.

DAVID VANN est né sur l'île Adak, en Alaska. Après avoir parcouru plus de 40 000 milles sur les océans, il travaille actuellement à la construction d’un catamaran avec lequel il s'apprête a` effectuer un tour du monde à la voile en solitaire. Auteur de plusieurs livres, il vit en Californie où il enseigne également à l'Université de San Francisco. Sukkwan Island est son premier roman traduit en français.


AVIS:

Tel qu’il est indiqué au verso de la jaquette du roman, à la suite d’échecs personnels, un père amène son fils sur une île déserte et désolée pour une durée d’un an, afin de faire le point sur lui-même et de resserrer les liens familiaux avec son fils.

J’ai trouvé tout d’abord que ce roman avait un style extrêmement dépouillé, à l’image du décor où se déroule cette histoire, à savoir l’Alaska.

Ici, pas de détails brillants et chaleureux visant à nous faire aimer la nature sauvage de cet endroit. L’auteur décrit simplement et avec une précision implacable toutes les étapes des initiatives que prend le père pour gérer son quotidien et à essayer d’être compris par son fils.

Il est également frappant de voir que malgré un contexte de vie totalement différent, les aléas de la vie du père continuent à se perpétuer, preuve qu’il lui fallait chercher ailleurs la solution à ses problèmes.

J’ai trouvé ce livre très bien écrit et je l’ai lu sans aucun ennui.

MICHEL

"Traîne pas trop sous la pluie" de Richard BOHRINGER


AVIS:

Si « Traîne pas trop sous la pluie » de Richard BOHRINGER n’est pas un roman, on le lit comme tel, l’auteur entremêlant réflexions sur la vie et souvenirs personnels – d’une écriture très imagée où la poésie est omniprésente, milles et une pensées tournoient, allant de ses proches et amis en passant par les pays qu’il a traversés et qui l’ont marqués.

Admis à l’hôpital le temps d’une nuit pour un problème de santé, l’auteur se trouve dans un état semi comateux et a perdu le contact des réalités - le présent s’est transformé en un univers fantasque : l’hôpital dans la nuit devient un cargo illuminé dans l’obscurité, et le paradis d’où le regardent ses amis défunts un aéronef planant dans le ciel.

L’avenir a disparu; seul reste tangible le passé, mais quel passé, riche en personnages colorés et en pays fabuleux, tout ceci évoqués tour à tour et parfois sur moins d’une page, le lecteur étant de ce fait sans cesse dépaysé et ayant du mal à suivre.
Des leçons de vie se dégagent au fur et à mesure des pages, ainsi que la générosité et la sensibilité de l’auteur.
Ce livre, dépourvu de fil de l’histoire, a cependant une conclusion, puisqu’il est une ode à la vie.

MICHEL

"Toutes choses scintillant" de Véronique Ovaldé


RESUME (attention, dévoile le déroulement de l'histoire):

Situé sur une petite île canadienne, un village balayé par le blizzard et séparé du continent par la banquise voit l’implantation d’une usine de retraitement de déchets qui ne tarde pas à contaminer un environnement qui périclite à vue d’œil, et par delà même ses habitants..

Conséquence d’un pic de pollution ayant eu lieu durant une nuit, la plupart des femmes se retrouvent alors enceintes, et accouchent presque en même temps de bébés difformes et en mauvaise santé, et ce dans la seule grande cabane pouvant les accueillir toutes ensembles.

Dans la confusion générale, les bébés sont mélangés, les mères ne retrouvant pas leurs petits ou ne le voulant pas. Des échanges ont lieu entre les mères de famille. C’est ainsi que Nikko, personnage principal de ce roman, se retrouve dans une famille qui n’est pas la sienne, au père alcoolique et violent. Enfant différent des autres, elle est la seule à ne pas mourir quelques mois après sa naissance. On lui prête donc des pouvoirs surnaturels

Suite à une lettre écrite par un villageois qui s’était aventuré dans l’usine clandestinement pour y prélever un échantillon de déchet, et devant le désastre écologique et humain, les dirigeants de l’usine décident de fermer l’usine, licenciant les villageois qui y travaillent – Les autorités leur interdisent par ailleurs de quitter l’île s’ils n’ont pas de passeport

Dans le même temps, le père de Nikko, qui est alcoolique et qui s’occupe de la surveillance de la solidité de la route tracée sur la banquise provoque un accident de par sa négligence – en effet, il omet de signaler la fragilité de la banquise à un certain endroit de la route et un véhicule transportant une famille entière brise ainsi la glace à son passage et s’engloutit dans l’océan. A la suite de ce drame, le père disparaît pour une longue période

Dès années plus tard, un avocat qui avait reçu la lettre écrite par le villageois arrive au village et avertit les habitant que l’usine va rouvrir ses portes. Mais ceux ci dont la santé a décliné et qui ont sombré dans l’oisiveté et l’alcoolisme se moquent de ses avertissements.

L’usine rouvre ses portes. Un malheur n’arrivant jamais seul, le père de Nikko réapparaît discrètement un jour et reprend la vie commune, au grand désarroi de sa famille; il exerce le métier chasseur de rennes et part chasser la nuit, revenant au petit matin.

Nikko, qui est maintenant une jeune femme et qui travaille, refuse de se résigner à rester dans cette région sans avenir. Elle espère partir un jour avec le grand garçon blond du continent qui est employé à l’usine et qu’elle épouse. Les premiers temps de cette union sont heureux, mais son mari se met à la tromper – la naissance de son fils, Lilo, la console, mais malheureusement, celui-ci a une malformation congénitale due à l’état de santé de sa mère, contaminée par la pollution de l’usine. Son mari ne s’attache pas à ce fils différent des autres enfants de son âge.

Un soir, son mari envisage de faire un procès à l’usine, davantage pour obtenir l’argent lui permettant de quitter la région que pour venger son fils auquel il ne s’est pas attaché – c’est à ce moment là que Nikko, sa mère, décide de quitter son mari.
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AVIS:
J’ai trouvé que ce livre était, dans sa première partie, écrit à la façon d’un journal intime rédigé par une adolescente ; ce style s’affine ensuite au fur et à mesure que l’héroïne du récit grandit. Le sujet du livre nous dit que d’un grand malheur, celui de l’usine polluant le village, peuvent en découler plusieurs autres, à savoir l’alcoolisme du père de Nikko qu’endure sa famille, la naissance du fils de celle ci qui n’est pas supporté par son mari, sans compter les décès des villageois et de leurs enfants. Hormis la beauté glacée de la banquise, point de bonheur et de joie de vivre dans ce récit - L’héroïne ne trouvera finalement la rédemption dans l’amour maternel qu’elle éprouve pour son fils.
 
MICHEL