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mercredi 25 avril 2007

ECOUTEZ NOS DEFAITES
de LAURENT GAUDE

Une archéologue essaie de sauver des antiquités saccagées à la masse et à la disqueuse à Mossoul en Irak appelée autrefois la Mésopotamie et à Palmyre en Syrie.
Entre 2 avions elle rencontre un agent secret français en charge de "surveiller" un agent américain qui a poursuivi Ben Laden ou Kadafi. Les mots qu'ils échangent sont entre le doute et l'espoir.
Qu'est ce qui peut survivre sous les décombres perpétués par les guerres?
Arrivera t elle a sauver des pierres témoins du berceau de la civilisation face à ceux qui veulent détruire toute mémoire. Les pierres transcendent la folie destructrice des hommes.
L'auteur convoque les grandes batailles de l'histoire. D'Hannibal général carthaginois défiant Rome au général Grant vainqueur de la rébellion sudiste au prix de milliers de victimes.
En fait il n'y a pas de victoire. Il n'y a que des défaites, des reculs de l'humanité de l'homme. Toutes les guerres victorieuses ou perdues sont des échecs.
La défaite du roi des rois, du peuple descendant de la reine de Saba épouse du roi Salomon est prémonitoire de ce que sera la deuxième guerre mondiale.
Le 30 juin 1936 l'empereur humilié, d'une Ethiopie écrasée sous les bombes de Mussolini, prononce devant la SDN (Société des Nations) l à Genève un discours qui se conclut par ces propos qui devraient mobiliser la conscience collective : "A ceux qui ont laissé mourir l'Éthiopie l’humanité entière en subira les conséquences" ...on connaît la suite!
En cette rentrée littéraire 2016, j'ai choisi ce roman profond aux mots puissants pour relever l'homme de son étroitesse, pour que la notion même de guerre soit à jamais abolie. Grâce aux échanges avec des lecteurs j'ai mieux compris l'évolution de la notion de défaite vers celle de perte.
Richard Delestre
 


mardi 24 avril 2007


« Le confident », d’Hélène Grémillon
En France, à la fin des années 30 jusque dans les années 70
Camille Werner est éditrice à Paris, et vient de perdre sa mère Elisabeth. Son père, Paul, est mort depuis longtemps durant la seconde guerre mondiale. Elle a un frère, Pierre.
Sa vie est sans histoire ni zone d’ombre. Elle a un ami, Nicolas, et attend un enfant de lui.
Parmi les lettres de condoléances qu’elle reçoit, l’une attire son attention. Ce n’est pas une lettre de condoléances, mais un manuscrit de plusieurs pages non signé. Intriguée, elle y découvre un fragment de vie mettant en scène d’autres personnes : Annie et sa famille, celle de Louis, ami d’enfance d’Annie dont il est amoureux ; ils sont camarades de classe à l’école de leur petit village.
D’abord troublée par cette lettre, Camille se dit que c’est une erreur de ce Louis, narrateur de la lettre. Puis elle oublie, la vie reprenant son cours normal. En cette période difficile, la concierge de l’immeuble, madame Merleau, lui propose comme toujours son aide et a pour elle des attentions toutes particulières auxquelles Camille est sensible.
Puis une seconde lettre de Louis arrive, décrivant son quotidien à l’école, sa fracture du tibia et Annie qui s’était portée volontaire pour lui porter ses devoirs chez lui, ses efforts pour attirer son attention en lisant les livres sur la peinture et les femmes peintres.
Camille ressentit alors une forte gêne. Comme prévenir l’expéditeur dévoilant peu à peu la vie intime de cette « Annie ». C’est sans succès que Camille se rend au bureau de poste de son quartier.
C’est à la fin de la lettre suivante que Camille ressentit la peur s’insinuer en elle, Louis faisant clairement comprendre à la fin de la lettre qu’elle faisait partie du récit. Mais quel rôle lui attribue-t-il, , à elle qui vit une vie sans histoire ?
Continuant son récit, Louis raconte qu’Annie avait fait connaissance d’une Madame M qui fait partie d’une riche famille de la région. Esseulée par les longues absences de son mari qui est journaliste, Elisabeth M.se lie avec Annie ; car Annie peint, et c’est la peinture qui a attiré l’intérêt d’Elisabeth M. sur sa personne. Elisabeth va même jusqu’à faire installer un atelier dans l’une des pièces de sa belle demeure, et demander à l’un de ses amis sculpteur de venir lui donner des cours. Annie passe donc de plus en plus de temps chez Elisabeth et délaisse son petit ami Louis qui disparaît peu à peu de sa vie. Elisabeth lui révèle alors son infortune à ne pas avoir réussi à avoir d’enfant.
Sur le ton de la plaisanterie, Annie lui propose de porter son enfant…proposition acceptée très sérieusement par Elisabeth M peu de temps après. La compassion d’Annie à l’égard d’Elisabeth finit par lui faire accepter d’être enceinte du mari d’Elisabeth.

Quoi de plus simple ? La maternité d’Annie sera cachée, tandis qu’Elisabeth feindra d’être enceinte.
L’auteur nous décrit les conséquences irréversibles de décisions irréfléchies prises par deux personnes dans le domaine essentiel qu’est celui de la maternité.
S’étalant sur une période de deux décennies, le roman nous décrit la lutte impitoyable de deux femmes à avoir le droit d’être mère, entraînant avec elles leurs proches et amis.
 
Michel ALLAIN

lundi 23 avril 2007


 L’héritage d’Ester 
 de Sando Marai


En Hongrie, au cours des années 30
Ester, femme de caractère, a déjà vécu l’essentiel de sa vie et vit dans une grande maison délabrée avec sa servante, nounou en compagnie de ses souvenirs. Sans argent pour vivre, c’est du jardin qu’elles retirent leur subsistance.
Jadis, sa famille était aisée, mais une gestion erratique du patrimoine a au fil des années bien entamé celui-ci. Puis il y a aussi Lajos, ami de son frère Laci, apparu dans son environnement familial.
Car Lajos est charmant, fabulateur hypnotisant son entourage… et escroc ; sous son influence, le mode de vie plutôt sobre de la famille devint mondain, faisant vivre celle-ci au-dessus de ses moyens. Et c’est ainsi que les dernières miettes de la fortune familiale s’envolèrent.
Lajos devait de l’argent à tous les membres de son cercle familial et même au-delà, personne n’osant lui demander réparation, Lajos ayant le pouvoir de rendre incongrue toute demande de remboursement.
Envoûtée, Ester avait été sensible à son charme, Lajos lui ayant même dit qu’il l’aimait. Mais tout se passa autrement puisqu’il choisit sa sœur Vilma comme épouse avec qui il eut une fille, Eva.
Après qu’il ait quitté la région au moment des fiançailles, deux soupirants se manifestèrent auprès d’Ester : Tibor, puis Endre, tous deux amis de la famille qu’elle éconduisit avec douceur, préservant ainsi leurs amitiés et sa propre solitude. Tibor révèlera plus tard avoir compris du refus d’Ester qu’elle aimait Lajos.
C’est vingt-deux ans plus tard que Lajos annonça sa visite, provoquant une montée de souvenirs et de crainte chez les deux femmes. Qu’allait-il leur prendre cette fois ci à elles qui vivaient si chichement
Serait-ce « la » bague, trésor de la famille depuis des générations que détient Ester ? C’est à l’occasion du décès de sa femme que Lajos avait offert à Ester la bague que possédait Vilma et qui lui avait été échu en tant que fille aînée - maintenant qu’elle était décédée, c’était à Ester sa cadette de la détenir, prétendait-il. Connaissant Lajos toujours à court d’argent, Ester doutait que la bague soit encore authentique, ce que confirma sa servante qu’il l’avait faite secrètement expertiser : la pierre avait été remplacée par une imitation. A quelques jours de sa venue, Lajos venait de décevoir une fois de plus Ester.
Lajos arriva, accompagné de sa fille, Eva et de son fiancé. Le charme de Lajos opérait toujours, il n’avait pas changé seulement un peu vieilli. Esther eut une conversation avec Eva qui la laissa bouleversée : Celle-ci lui révéla que son père lui avait écrit trois lettres au moment de ses fiançailles avec sa mère, Vilma, et qu’il l’implorait de partir avec lui. Ces lettres ne parvinrent jamais jusqu’à Ester. Qui les lui avait soustraites afin qu’elle ne les lise pas ?
La prédestination existe-t-elle ? Deux êtres humains peuvent-ils se reconnaître à temps, comprendre qu’ils sont complémentaires et même prédestinés ? Le titre que Sando Marai a choisi, « l’héritage d’Ester », n’évoque pas tant le constat matériel établi à l’aube de la vieillesse d’Ester que celui de ses actions et des choix faits une vingtaine d’années plus tôt. L’épisode de la bague devenue fausse est symbolique elle aussi.
L’auteur décrit dans son roman les destins contrariés de deux êtres humains n’ayant pas su forcer le destin pendant qu’il en était encore temps, leur vie d’« après » ne leur apportant pas les promesses qu’ils auraient pu en attendre.
Une fresque romantique passionnante construite exclusivement sur les émotions et les sentiments.


Michel ALLAIN