(Patientez un peu, une colonne importante va apparaitre sur la droite mais Blogspot est un peu lent...)


jeudi 29 décembre 2005


« Les eaux tumultueuses »
 d' Aharon Appelfeld



La trame de cette histoire se déroule en Autriche, au début des années 30
C’est dans une auberge du petit village autrichien de Fracht que se réunissent chaque été des juifs aisés mais désabusés venus de passer la majeure partie de leur temps à perdre des fortunes au jeu et à boire de l’alcool. Un peu plus ruinés au fil des ans et en proie à un profond mal-être, ils restent inexplicablement attachés à ce lieu pourtant sans attraits.
Ayant déçu leurs parents qui avaient placés en eux leurs plus hautes ambitions, ils y rencontrent des gens leur ressemblant. L’auberge est leur point de repère, leur seul endroit à vivre pour se ressourcer….
Ce roman a pour sujet les signes annonciateurs de la persécution des juifs, l’hostilité montante de la population conditionnée par les nazis étant de plus en plus palpable au fil du temps.
Le livre m’a intéressé, mais pour en saisir l’essentiel, il m’a fallu le replacer dans le contexte de l’entre-deux guerres, au début de la montée du nazisme. Les juifs, tels des réfugiés dans l’auberge, sentent-ils l’imminence de la catastrophe qui va s’abattre sur leur peuple ? ce roman est composé essentiellement de réflexions et de dialogues qui se tissent entre les juifs et les employés de l’auberge. La place et le rôle historiques du peuple juif, ses caractéristiques et comportements dans la société autrichienne sont abordés sans concessions de part et d’autre
C’est un témoignage sur la montée de la discrimination et un plaidoyer pour la tolérance entre les peuples.

Michel ALLAIN

mercredi 28 décembre 2005

« Juste avant le bonheur »
 d’Agnès Ledig
 
En Alsace, de nos jours.
Julie Lemaire, jeune mère célibataire de 20 ans, élève seule son fils, Ludovic, âgé de trois ans… c’est sa raison de vivre. Ses parents l’ayant rejetée, titulaire d’un bac scientifique, elle a dû arrêter ses études pour élever son fils. A la ville, elle exerce le métier peu gratifiant de caissière dans un supermarché, supportant les indélicatesses de certains collègues et les sarcasmes du directeur.
Un jour, une convocation dans le bureau de celui-ci l’en fait en ressortir la larme à l’œil, et c’est cette larme qui attire l’attention de Paul Moissac, quinquagénaire aisé de 54 ans qui dépose ses achats à la caisse de Julie. Lui aussi a été malmené par la vie, sa seconde femme l’ayant quitté récemment après trente ans de vie commune. Il se surprend à appeler malicieusement la caissière par son prénom qu’il a lu sur son badge pour lui dire quelques mots réconfortants avec un humour qui fait du bien…une amicale et innocente complicité naît alors entre eux.
Une semaine plus tard, Julie accepte en toute confiance une invitation à prendre un café après sa journée. Désireux d’aider la jeune femme, Paul lui propose de l’emmener se reposer une semaine dans sa maison de Bretagne. D’abord incrédule, puis comme pour bousculer le destin, Julie finit par accepter ce qui ressemble à un conte de fée. Rentrée chez elle, elle téléphone à Manon, sa meilleure amie qui lui lance « profite ». Elle ira donc, aussi pour que son fils profite.
Coïncidence, Jérôme, le fils de Paul,, songe justement à téléphoner à son père afin de savoir si la maison de Bretagne est vacante. Veuf depuis trois mois, il n’arrive pas à surmonter son chagrin dû à la perte de sa femme. Il a besoin de repos et pourrait laisser son cabinet de médecine durant quelques jours à une remplaçante, Caroline Lagarde qu’il logerait chez lui. En réponse, son père lui dit se rendre le lendemain à Vannes et qu’il l’emmènerait volontiers avec lui. Jérôme apprend alors avec stupéfaction puis déception la lubie de son père.
C’est donc résigné qu’il assiste à l’embarquement de Julie et de Ludovic dans le 4 x 4 paternel. L’ambiance est tout d’abord tendue entre Jérôme et Julie qui regrette d’être venue, mais grâce à Paul, celle ci se détend un peu au fil des heures, les appels téléphoniques affolés de Caroline en quête de conseils auprès de Jérôme émaillant le voyage.
A l’arrivée, le décor est à la hauteur du rêve de Julie, avec la maison blanche en bordure de plage, le bleu du ciel rejoignant celui de la mer et le doux bercement du bruit des vagues.
Tout le monde s’installe et la vie s’organise. Visite du village, balade en bateau ou sur la plage composent le nouveau quotidien de Julie et Ludovic.
Jérôme se laisse peu à peu apprivoiser, faisant même découvrir les étoiles à Julie lors d’une sortie nocturne en bateau. La semaine passe ainsi doucement et s’achève. Tous ont fait le plein de bien être au contact des uns et des autres.
Puis c’est le drame : sur le trajet du retour, une voiture folle vient droit sur le 4 x 4, provoquant une collision frontale. Réveil douloureux de Julie à la clinique où elle apprend, atterrée, que son fils est plongé dans un coma profond. Si Paul est indemne comme elle, Jérôme reste à la clinique, plâtré avec quelques fractures. Sa remplaçante, Caroline vient le voir chaque jour, une douce amitié naissant entre eux. Jérôme lui demande de rester à son cabinet le temps de sa convalescence.
Pendant l’hospitalisation de Ludovic, Julie va s’installer dans la maison de Jérôme où loge déjà Caroline qui s’avère être un précieux soutien pour elle. Puis c’est la dure reprise à son travail.
A la clinique, elle fait connaissance de Romain Forestier, kinésithérapeute qui s’occupera journellement de Ludovic toujours dans le coma. Elle apprend au fil de leurs conversations que Romain est divorcé et élève seul sa fille Charlotte. Pour la distraire un peu de son chagrin, Romain lui fait visiter la clinique et essaie de lui redonner goût à la vie.
Un mois a passé depuis le drame. Si le temps s’est arrêté pour Julie, la vie continue tant bien que mal pour son entourage.
C’est lors d’une visite à la clinique que Paul fait connaissance de la meilleure amie de Julie, Manon. Un courant de sympathie passe entre eux, ayant pour point commun Julie.
Jérôme sort alors de la clinique bien que sa convalescence soit loin d’être achevée, l’inaction lui pesant décidemment trop. Sa remplaçante manquant d’expérience est soulagée de le voir à ses côtés au cabinet et Julie est également contente de sentir la présence d’un homme dans la maison
Amitié et compassion à l’égard de Julie font que Paul songe à investir dans un appartement qu’il lui louera pour un loyer dérisoire. Ce n’est qu’un projet, mais il y tient.
Le lendemain, alors que Julie est légèrement assoupie au chevet de son fils, elle sent une petite main se poser dans la sienne… réveillée, elle constate que Ludo la regarde intensément….le temps d’un bref instant, un espoir fou renaît en elle jusqu’à ce qu’il prononce deux mots terribles, « laissez moi », pour ensuite se rendormir aussitôt. Le bruit strident d’une machine signalant l’arrêt cardiaque du cœur de Ludovic retentit alors, suivie de l’arrivée de l’équipe médicale s’affairant désespérément à le faire revenir, mais en vain. C’est fini …/ …

Les amis de Julie l’entourent…. réussiront ils à lui redonner le goût de vivre ?
L’auteur nous dépeint l’univers de Julie, jeune mère célibataire et gentille caissière d’un supermarché qui affronte une vie morne et difficile du mieux qu’elle le peut.
Lorsque quelqu’un lui tend enfin une main désintéressée, la chance semble lui sourire, mais les aléas de la vie font que ce sourire devient grimace comme pour rappeler qu’en ce monde, rien n’est jamais acquis. 
Bonheurs et drames ont déjà éprouvé la vie de ses amis qui, de par leur vécu, l’entourent que davantage afin de l’aider à surmonter cette terrible épreuve qu’est la perte d’un enfant.
 
Michel

mardi 27 décembre 2005


SOURIEZ, VOUS ETES EN TUNISIE !
d’Habib SALMI écrit en arabe et paru en France en 2013



C’est par ricochet que j’ai lu ce livre qui narre le voyage d’un tunisien naturalisé français vivant en France, marié à une française. Il retrouve les siens lors de ses vacances au pays.

L’affiche d’un jeune enfant avec un bouquet de jasmin à la main est le slogan qui donne le titre de ce livre.

Des changements intervenus dans les comportements de sa famille depuis sa dernière visite il y a 5 ans l’intriguent !

Pour moi une de ses belles sœurs incarne les changements inéluctable dans ce pays : elle est habillée à l’européenne, travaille, sort seule, conduit sa voiture dans Tunis, les cheveux au vent et rêve de quitter le pays…

Même si son propre frère fréquente assidûment la mosquée, sa femme porte le voile, ce qu’ils ne faisaient pas il y a 5 ans !

La surprise de notre Tunisien de Paris met en évidence l’hypocrisie d’une partie de la société tunisienne pendant que l’autre souhaite sortir de son enfermement, notamment les femmes grâce auxquelles la société avance à grands pas.

Nous sommes en 2010 juste avant la révolution de jasmin.

J’ai lu ce livre après avoir vu la film de Kamel REGAYA : SIT IN RIHLA réalisé en 2013, 3 ans après la chute du dictateur BEN ALI. Le livre puis le film interrogent le rapport complexe de l’identité et de l’altérité et surtout le rôle des femmes pour un nouvel avenir.

Richard Delestre

lundi 26 décembre 2005

LA SEMAINE SAINTE Louis ARAGON paru en 1959

Quelle est l’histoire de ce roman de 800 pages de la collection folio que j’ai commencé, abandonné puis repris :
Des militaires se regroupent pour suivre LOUIS XVIII dans sa fuite vers l’étranger. Théodore Géricault peintre des cavaliers de l’Empire puis mousquetaire du roi fuyant Napoléon Bonaparte de retour de l’île d’Elbe pour les cent jours fait partie de cette aventure  avec des personnages peu recommandables : les « ultras » que la guillotine hante encore, ceux qui n’ont jamais vraiment quitté Versailles, celles et ceux qui défendent bec et ongles leurs intérêts et leurs privilèges, leur parcelle de pouvoir, la peur chevillée au corps du retour à 1789 ! Lors de cette Semaine Sainte de l’année 1815, Théodore Géricault s’interroge avec d’autres sur l’avenir de la France, de son gouvernement, une France où la révolution industrielle commençante a besoin d’une autre gouvernance laissant derrière elle l’empire qui a épuisé les ressources humaines de l’Europe entière.
Dans cette déroute, parmi les fuyards se dirigeant vers les coalisés, il y a des jeunes cavaliers qui se posent la question de demain, ils redonnent l’espoir toujours recommencé comme à Valmy avec les soldats de l’An II
Qu’est-ce qui m’a plu dans ce livre ?
La semaine sainte c’est aussi pour le christ la semaine de la trahison.
La force de ce roman est de poser la question du rapport de l’artiste à son œuvre ; est-ce que l’artiste doit réaliser une œuvre de soumission ou son art doit questionner ? C’est la liberté de l’artiste !
Est-ce que la fidélité à ses idées empêche d’évoluer ?
Il faut dire que le parti communiste français auquel appartenait Aragon a boudé ce roman qui n’aborde pas le réalisme socialiste.
La fidélité ou l’opportunisme ? Théodore Géricault est fidèle malgré la fréquentation de nobles condamnés par l’histoire.
C’est aussi la question d’Aragon pour lui-même !
Les « alluvions humaines » chères à l’œuvre romanesque de ce grand auteur du vingtième siècle permet au lecteur de mieux appréhender l’histoire pour éviter d’en revivre des épisodes douloureux !
J’aime l’engagement, j’aime lire Aragon !
Richard Delestre
 




dimanche 25 décembre 2005

LES BEAUX QUARTIERS
de LOUIS ARAGON
 

Les romans de Louis Aragon ont-ils bien vieilli ? Quel est la modernité des BEAUX QUARTIERS écrit en 1936 et qui retrace les années d’avant 1914 ? L’année de l’assassinat de Jean Jaurès ?
Ce roman nous amène à la veille de la première guerre mondiale, 2014 sera le centenaire !
En 1936 ce livre fut jugé subversif, c’est ce qui m’a attiré, le premier que je lis de ce grand écrivain du 20 ème siècle, c’est qu’il donne une image calamiteuse de la bourgeoisie, il fut cependant récompensé par le prix Renaudot alors que Bernanos obtient le Goncourt pour le « Journal d’un curé de campagne ».
Je ne connaissais que les poèmes chantés par Léo Ferré et dernièrement ce fameux «  C’est une chose étrange à la fin que le monde » merveilleusement dit par Jean d’Ormesson !
En histoire de l’art avec l’Université inter-age nous étudions, avec délectation pour ma part, cette période foisonnante des années de l’après première guerre mondiale, du regard que la civilisation va porter sur elle-même: le surréalisme, les années folles, Fernand Leger, l’art moderne… J’ai souhaité lire ce livre pour illustrer cette époque.
Pas facile de résumer un pavé pareil, plus aisé est peut-être de suivre les itinéraires différents des 2 fils de ce médecin d’une ville de province, dont il est maire puis député, située entre Aix et Marseille.
L’un va gâcher ses études de médecine à la faculté de médecine de Paris pour paraître avec la bourgeoisie sulfureuse des Beaux Quartiers.
L’autre ne supportant pas le jugement de sa famille sur ses fréquentations jugées trop modestes quitte son lycée renommé, alors qu’il est bon élève.
Le père attend de son premier fils qu’il réussisse pour venir le remplacer, le deuxième est lui promis à de brillantes études supérieures.
Un tourbillon de fripouilles tourne autour d’eux pour profiter de leur jeunesse !
En effet que se passe t-il en cette année 1913 ? Va t-on oui ou non voter les crédits militaires, allonger le temps de conscription pour grossir les effectifs de l’armée ? Bref, il y a le nationalisme revanchard et l’affairisme qui compte bien retirer les prébendes du conflit qui s’annonce inéluctable !
Sauf, qu’il y a Jean Jaurés, c’est cet homme qui donne espoir au deuxième fils du docteur. Il assiste à la grande manifestation contre la guerre à Paris.
On connaît la suite, quelques jours après Jaurés est assassiné et la guerre est déclarée…
La modernité du livre de LOUIS ARAGON est de repousser l’égoïsme de l’argent, sujet éternel si bien chanté dans l’opéra FAUST.
Pour rentrer d’avantage dans l’univers romanesque, si riche, de LOUIS ARAGON, décédé il y a tout juste tente ans, ma prochaine lecture sera LA SEMAINE SAINTE.
A bientôt
Richard



samedi 24 décembre 2005

« Notre-Dame du Nil »
 de Scholastique Mukasonga
 
 
 
Au Rwanda, en 1970, dans un lycée isolé dans la région montagneuse du Congo-Nil, non loin de la commune de Nyaminombe Le lycée « Notre Dame du Nil » est réservé exclusivement aux jeunes filles de l’élite rwandaise et a été érigé dans les montagnes, à 2493 m d’altitude, près de la source du Nil, loin de l’agitation des villes. Près de la source du fleuve se dresse une vierge noire appelée « Notre Dame du Nil », but de pèlerinage de la population locale, les lycéennes s’y rendant une fois par an, Dans le lycée que dirige une mère supérieure, sœurs catholiques, aumônier, professeurs belges et coopérants français enseignent les principes démocratiques et chrétiens aux chastes jeunes filles hutues et tutsies qui pourront, grâce aux diplômes qu’elles recevront, trouver les meilleurs partis dans les classes supérieures de la société. A l’image de la répartition démographique et sociale du pays où les hutus (à l’origine agriculteurs) sont majoritaires et dirigent le pays, seulement dix pour cent de tutsies (à l’origine éleveurs) sont admises dans les effectifs du lycée. Dans la classe de terminale, deux élèves tutsies seulement, Virginia et Véronica, essaient de s’intégrer dans le groupe d’élèves composé de hutues parmi lequel se trouvent Godelive, Immaculée, Modesta, Gioretti et surtout la redoutable Gloriosa, ennemie jurée des tutsis qu’elle aimerait faire exclure du lycée. En plus de leurs cours, la vie des lycéennes est émaillée d’anecdotes mettant en scène Kagabo le guérisseur, Rubanga le sorcier, Nyamirongi la faiseuse de pluie ainsi que monsieur de Fontenaille, pittoresque peintre et anthropologue habitant la plantation de café voisine. Celui ci affirme en effet que les tutsis descendent des pharaons noirs de Méroé de par leur morphologie et leur beauté, exacerbant un peu plus la jalousie des hutus déjà furieux de savoir que la statue de la vierge noire a les traits d’une tutsis….Pour prouver ses dires, l’anthropologue invite discrètement Véronica et Virginia à venir contempler chez lui de grandes peintures murales qu’il a peintes et qui représentent la déesse Isis qui ressemble à s’y méprendre à Véronica, ainsi que la reine de Candace, portrait craché de Virginia. Pour accentuer les ressemblances, il pare les deux lycéennes de vêtements et de parures égyptiennes. Troublées par toutes ces révélations, les lycéennes regagnent le lycée sans être vu de personne. Véronica y retournera régulièrement, mais seule, car séduite d’être l’héroïne des mises en scène du vieil anthropologue, tandis que Virginia devra subir un désenvoûtement par le sorcier Rubanga pour la délivrer d’un cauchemar récurent où apparaissent la déesse Isis et ses serviteurs. Un événement d’importance se précise alors par l’annonce de la prochaine venue de la reine Fabiola, souveraine des belges désireuse d’encourager la politique de promotion féminine du gouvernement rwandais. Les préparatifs vont bon train et monopolisent tout le lycée : les professeurs se réjouissent à l’idée d’être présenté à la reine, on tend du tissu sur les murs de la grande salle d’étude, chansons et danses patriotiques sont imposées par Gliorosa qui n’a pas hésité pas à censurer ce qui doit l’être. Le rythme du quotidien s’accélère avec le va et vient des autorités de l’Etat, du service de sécurité de la reine et des journalistes trop indiscrets. Une haie d’honneur formée par les villageois est prévue entre le village et le lycée. Puis c’est la déception avec l’annonce de la brièveté de la visite de la reine qui a un emploi du temps trop surchargé. Avec du retard, celle-ci arrive avec sa suite, abrégeant le protocole afin de respecter son emploi du temps. Elle visite néanmoins toutes les classes, puis repart, seul son immense chapeau restant dans les mémoires des lycéennes. Gloriosa fait part à Modesta d’un projet auquel elle pense depuis longtemps ; celui de se rendre en secret à la source du Nil et d’y couper le nez de la statue « Notre Dame du Nil » qu’elle trouve trop semblable à celui des Tustis, pour le remplacer ensuite par un nez en accord avec celui du peuple majoritaire du Rwanda, les Hutus… / … Un roman dépeignant les signes avant coureurs de ce que sera le génocide tutsi au Rwanda vingt ans plus tard, fruits de l’intolérance et du mépris des adultes transmis à leurs enfants.
 
Michel

mercredi 21 décembre 2005


« La forêt des renards pendus »,
d’Arto Paasilinna
 

En Suède, de nos jours

Rafael Juntunen est un gangster heureux, puisqu’il mène grand train de vie à Stockholm, profitant du butin amassé lors d’un hold-up effectué avec l’aide de deux complices, Siira, meurtrier sanguinaire, et Sutinen, ancien conducteur de bulldozer un peu simplet. Ces deux derniers sont en prison, capturés au cours de l’opération et attendant impatiemment la fin de leur peine pour profiter de leur part que leur garde Rafael Juntunen. Ce dernier a caché ses lingots d’or dans sa ferme natale, débitant ceux-ci en fins copeaux pour les revendre en fonction de ses besoins d’argent. Rafael rend bien visite en prison à ses complices, mais ses venues s’espacent, l’idée de partage s’estompant peu à peu. Il décide tout bonnement un jour de garder tout l’or pour lui. Son naïf complice Sutinen étant prématurément sorti de prison pour bonne conduite, il n’hésite pas à le faire tomber le lendemain de sa sortie dans une machination qui le ramène illico en prison.

C’est après cet épisode que Rafael Juntunen décide de quitter le pays, craignant le mauvais sort que lui promet son autre complice toujours emprisonné, le sanguinaire Siira. Alors, c’est la Floride, puis New-York où il est dévalisé, et enfin le piteux retour en Suède pour y retrouver son or. La crainte lui fait opter pour une contrée désertique, là où son dangereux complice n’aura pas l’idée de le chercher : la Laponie, en Finlande, et plus précisément un lieu désolé situé à une journée et demi de marche du village de Pulju, au pied du mont Potsurais, là où coule le ruisseau de Kuopsu. Ayant établi péniblement son campement, il cache l’or au pied d’une petite crête sablonneuse. Lui et son trésor sont enfin en sécurité. Du moins, il le croit.

Car dans le même temps, des manœuvres militaires se déroulent dans les environs et sont conduites par le chef de bataillon Gabriel Remes, militaire du génie ayant un fâcheux penchant pour l‘alcool de bigarade. Si les manoeuvres militaires se déroulement parfaitement, un fait bizarre a lieu, à savoir qu’un civil en état d’épuisement physique refuse d’obtempérer suite à l’ordre de quitter le champ de manœuvre et reste obstinément au pied du mont Potsurais. Celui ci s’appelle Rafael Juntunen. Les manœuvres terminées, Gabriel Remes, qui a entamé son congé sans solde et dont la curiosité a été piquée, se rend au campement pour faire connaissance avec le civil. Celui-ci voulant cacher sa profession « illicite » se présente comme « conservateur adjoint à la bibliothèque de l’université de Helsinki » chargé d’étude sur les lichens proliférant dans cette région. Gabriel Remes n’est pas en reste non plus, embellissant son cursus militaire et social.

Les deux hommes sentent qu’une association serait profitable à chacun d’eux, l’un étant riche, l’autre ayant les compétences pour survivre dans ce milieu hostile. Ils décident tout deux de former une équipe de chercheurs d’or et de s’établir dans une cabane de bûcheron abandonnée. Un renard qu’ils prénomment « cinq cent balles » parce qu’il leur a subtilisé un billet de banque leur tient compagnie, mais à bonne distance. Le confort de l’hôtel de Stockholm lui manquant, Rafael aménage peu à peu la cabane luxueusement, y installant groupe électrogène et salle de bain, ainsi qu’une prison à l’intention de Gabriel pour être sûr de n’être pas suivi par celui ci durant le temps qu’il irait contempler son or.

Durant ce temps, bien plus au nord, dans la bourgade de Sevettijarvi, la doyenne du village, Naska Mosnikoff, est invitée en grande pompe par le conseil municipal à entrer la maison de retraite. Celle-ci refuse et s’échappe durant son transfert et s’enfonce dans la forêt en compagnie de son chat. Des recherches sont lancées dans toute la région. Naska réussit rejoindre la route, et même à prendre un car qui la dépose à Pulju où elle demande asile chez l’habitant. Le lendemain, pour échapper aux recherches, elle repart dans la forêt et arrive par hasard au bout de quelques jours à la cabane pour y demander l’asile, transie et à bout de force. Après une tentative de la ramener à Pulju, les deux hommes se résignent à la garder à la cabane afin de ne pas attirer l’attention.

Pour passer le temps, ils décident de construire autour de la cabane des pièges à renard afin de pouvoir revendre leur fourrure au village. Afin de prévenir tout incident, ils mettent un écriteau d’avertissement à l’intention d’éventuels trappeurs égarés.. / ..

Beaucoup d’humour dans ce roman insolite où des personnages forts différents des uns des autres entrent dans la vie du gangster Rafael Juntunen.

Michel

mardi 20 décembre 2005


LES COMBUSTIBLES
 d’ Amelie Nothomb

Notre appétit de lecture à l’épreuve du néant
L’évêque Rémy baptisant Clovis lui dit « Brûle ce que tu as adoré, adore ce que tu as brûlé »
Face à la guerre qui entoure les trois personnages, les livres de la bibliothèque jeter dans le feu peuvent-ils encore réchauffer ?
Quel livre survit à la guerre ? Quelle phrase reste face au néant ? Le roman d’Amélie Nothomb est iconoclaste ! Les personnages brûlent les livres …. Pour se réchauffer ! Comme dans le film FARENHEIT 451 (la température où brûle le papier) pour anéantir la culture ! La culture sert-elle à quelque chose ?
Toutefois nos trois compères recherchent l’auteur, la le livre, la phrase qu’il faut peut-être garder jusqu’à la dernière extrémité pour rallumer la flamme intérieure.
Le lecteur est embarqué à penser à l’auteur, au livre, à la phrase qui ranime son appétit de vivre. Je pense à cet écrivain haïtien dont la maison, la bibliothèque, à été emportée par le tremblement de terre prononçant ces mots devant les décombres : Que me reste-t-il ? Il me reste la culture !

Richard

lundi 19 décembre 2005


Le club des incorrigibles optimistes
de Frédérick Guénassia
Lauréat du Prix Goncourt des Lycéens 2009


A Léonid, Igor et Sacha et Michel !

Michel, enfant des années 60, déambule dans la Paris du quartier Montparnasse, élève à temps partiel du Lycée Henry IV et surtout assidu au baby-foot du café bougnat où il rencontre Léonid, Igor et Sacha et bien d’autres…

J’ai aimé revisiter avec Michel le narrateur la guerre d’Algérie, les évènements qui taraudent la France colonialiste de l’époque, la division du monde en deux blocs avec l’assassinat des Rosenberg aux Etats-Unis et les horreurs du communisme de fer à l’Est.

Au long de ces 728 pages de l’édition de poche que j’ai lues d’une seule traite, l’auteur a su me tenir en haleine et cerise sur le gâteau me faire découvrir dans les dix dernières pages ce qui oppose si violemment Sacha le photographe et Igor l’ancien chef du département cardiologie du principal hôpital de Léningrad reconverti en chauffeur de taxi parisien après son passage à l’ouest.

Qu’est-ce qu’un quatuor soviétique? C’est un orchestre symphonique qui rentre à Moscou!

J’aurai vraiment aimé boire le champagne de France à la russe en lançant mon verre chez Marcusot le café bougnat quand Igor et Léonid fêtent le passage à l’Ouest du danseur étoile du Kirov Rudolph Noureev qui a faussé compagnie aux flics de l’Est à l’aéroport du Bourget.

Merci Sacha de m’avoir donné envie d’écouter Roméo et Juliette de Serge Prokofiev!

Peut-être m’attaquerai-je à Dostoïevski que tu recommandes à Michel pour la lecture des «carnets du sous-sol».

Bravo à l’auteur de mêler petites histoires et grande histoire, joies intenses de la camaraderie et douleurs profondes liées aux séismes du monde.

Igor et Sacha c’est du lourd comme on dit maintenant!

L’histoire de Léonid, double médaille des héros de l’Union Soviétique pour ses exploits de pilote de chasse pendant la seconde guerre mondiale devenu commandant de bord d’un avion de ligne qui fait Moscou Londres passe à l’ouest!

Les trois compatriotes se retrouvent dans ce club d’échecs que l’auteur appelle Le club des incorrigibles optimistes (titre du roman), ils partagent à Paris violences et joies dans ce club d’échecs hébergé par le patron du café bougnat. Le jeu les fait s’unir, se liguer, construire des mensonges et fêter les bons coups!

Apprendrai-je à jouer aux échecs pour les rencontrer un jour? Ce qui est sûr c’est que je partage avec eux l’envie de briser les murs placés face à moi!
Richard

samedi 17 décembre 2005


« Un don », de Toni Morrison



Au 17ème siècle, en Caroline, aux Amériques
Jacob Vaark, enfant abandonné, est devenu fermier à la tête du domaine de La Barbade à la suite d’un héritage qu’il n’attendait pas. Célibataire et aidé de quelques employés, il a rapidement compris qu’il lui fallait une femme à ses cotés pour gérer la ferme. Il fit donc venir d’Angleterre une européenne qu’il ne connaissait pas, Rebekka, fille d’un bateleur anglais, celui-ci se faisant une joie de tirer quelque argent au fermier et d’avoir une bouche de moins à nourrir. Le hasard faisant parfois bien les choses, Jacob et Rebekka se plurent.
A son arrivée à la ferme, Rebekka fit connaissance avec les domestiques y travaillant, d’abord Lina, l’indienne, rescapée du massacre des habitants de son village de toile, puis Willard et Scully, tous deux européens remboursant encore le prix de leur traversée en années de travail.. Rebekka fut appelée « Mistress » par les esclaves de la ferme, tandis que Jacob portait déjà le surnom de «Sir».
Les aléas de la vie les privèrent de la joie d’avoir des enfants pouvant leur succéder à la tête de la ferme, puisque Rebekka perdit successivement trois garçons en bas âge, et que leur seule fille, Patrician, mourut à l’âge de cinq ans d’une fracture du crâne provoquée par le sabot d’un cheval
Le commerce des esclaves était alors en plein essor, répondant à la demande incessante de main d’œuvre de la part des plantations de cannes à sucre. L’espérance de vie n’excédait pas 18 mois dans les plantations, le nombre d’esclaves étant maintenu artificiellement par un approvisionnement permanent depuis l’Angola. Les conditions de voyage à bord des navires négriers étant épouvantables, les suicides n’y étaient pas rares. Noirs libres, esclaves et engagés avaient mené une guerre perdue d’avance contre les propriétaires locaux, les planteurs, et de nouvelles lois avaient été établies, donnant aux blancs le droit de vie ou de mort sur les noirs. Il s’en était ensuivi un recul social entre planteurs et travailleurs.
C’est dans ce contexte instable qu’un jour Jacob Vaark entreprit un périlleux voyage à cheval le menant dans le Maryland pour y récupérer les créances que lui devait un noble d’origine portugaise du nom d’Ortega. D’une famille d’éleveur de bétail, ce dernier avait opté pour un bien plus lucratif commerce, celui de trafiquant d’esclaves et dirigeait la plantation Jublio. Ruiné à la suite d’un revers de fortune, espérant un délai, il ne put régler sa dette et dut accepter comme solde de tout compte de se séparer d’une esclave, une petite fille nommée Florens que Jacob avait pris en pitié en visitant le domaine. Car étant lui-même enfant abandonné, il possédait un élan de pitié pour les déshérités. Il fut convenu que Florens serait convoyée jusqu’à son domaine après son départ.
Quelques temps plus tard, Jacob recueillit une petite fille blanche du nom de Sorrow, rescapée d’un bateau ayant fait naufrage et sur lequel elle vivait en permanence, son père en étant le capitaine. D’abord recueillie par un bûcheron, celui la céda à Jacob sous la pression de sa femme, inquiète de l’attrait de celle ci sur ses fils. C’est ainsi que se constitua une sorte de famille dirigée par Sir et Mistress, travaillant durement à l’exploitation de la ferme.
Ayant pour passion les maisons, Jacob en construisit plusieurs sur sa terre, et se fit aider par un forgeron, un homme noir libre. C’est à ce moment là que Sorrow tomba gravement malade, atteinte de la peste bubonique. La providence voulut que le forgeron ait un don de guérisseur et puisse sauver Sorrow. Il repartit chez lui en sauveur, son travail de ferronnerie achevé.
La fatalité voulut hélas que la maladie s’abatte à nouveau dans la famille.
Avec en arrière plan le sujet douloureux de l’esclavage, ce roman nous dépeint les vicissitudes de l’existence accablant chacun des personnages évoluant dans un monde cruel et imprévisible, Racisme, obscurantisme, non respect de la personne humaine, rapacité et injustice, s’opposent au courage, à la fraternité régnant entre les personnages vivant à la ferme de Jacob Vaark.
 
Michel

jeudi 17 novembre 2005


« Les Grands désordres », de Marie Cardinal


Durant les années 80, à Paris

Elsa Labbé est une femme épanouie âgée de quarante cinq ans environ. Il y a très longtemps, elle a perdu Jacques, son mari, tué durant la guerre d’Algérie, sa fille Laura étant alors âgée de deux ans.

Les parents d’Elsa tiennent toujours un magasin de lingerie à Aix, ville où elle est née et a grandi.

Elle n’a pas refait sa vie et sa fille l’appelle par son prénom, ce qu’elle a toujours regretté.

Aujourd’hui, au sortir d’une période très douloureuse de sa vie, elle éprouve le besoin de raconter ce qu’elle vient de vivre, et charge un obscur écrivain d’écrire sa biographie à partir de souvenirs qu’elle mettra par écrit sur brouillon ou dictés sur bande magnétique. Des rendez vous réguliers sont pris, et la biographie prend forme. Au fil des jours, l’écrivain sera captivé par cette femme et son histoire.

Elsa a donc élevée seule sa fille et poursuivit ses études, vivant de son travail de secrétaire auprès d’un éminent scientifique qu’elle admire beaucoup, le docteur Greffier, ce dernier ayant concouru pour le prix Nobel. Plus tard, ses études achevées, elle s’est établie à Paris en tant que psychologue, mais sans cesser de voir celui ci avec qui elle entretient une relation ambiguë.

Elle a un ami, François, qu’elle retrouve depuis trois ans à l’occasion de vacances sur la côte Est des Etats-Unis. La vie semble s’écouler le mieux du monde puisque lors d’un congrès en Australie, elle y fait un exposé remarqué sur l’ « Entropie » (désordre local psychique) qui pour elle est en relation directe avec les sécrétions d’hormones locales, notamment l’endorphine.

Mais coup de théâtre, à son retour de vacances, elle retrouve son appartement dévasté et souillé. Où est sa fille qui l’occupait en son absence ? Que s’y est il passé ? Tel un rituel de sorcellerie, les cordons des rideaux des fenêtres forment des toiles d’araignée et des hameçons parsèment le sol. Sa voiture est absente de son garage. Comment joindre Laura à son petit studio, puisque la ligne téléphonique est coupée malgré qu’Elsa ait confié à sa fille des chèques en blancs pour régler les factures à sa place ?…Enfin, c’est l’éprouvante révélation de la découverte de seringues dans la salle de bain. Le mot « drogue » s’imprime dans l’esprit d’Elsa qui comprend que sa fille est en grand danger.

Dans le courant de la nuit, Laure revient à l’appartement et avoue à sa mère qu’elle est devenue une droguée. Pupilles dilatées et ayant beaucoup maigri, elle implore son aide, lui disant que dans l’immédiat, du Tranxène 50 lui suffirait « pour tenir le coup ». Elsa apprend alors qu’un certain Marcel, dit le « fou », fournisseur d’héroïne de sa fille, s’est emparé de ses chèques et a épuisé son compte en banque.

La nuit arrive, Elsa et Laure s’endorment, brisées.

Le « manque » réveille implacablement Laure en pleine nuit et la jette dehors durant trois jours pour partir en quête de drogue. Les petits expédients qu’elle trouve auprès de ses compagnons d’infortune étant hélas insuffisants pour calme son manque, elle se résigne donc à revoir son dealer qui est furieux de n’avoir pu encaisser les derniers chèques d’Elsa après que celle-ci soit passée à sa banque. Il met violemment en demeure Laure de lui rembourser cette somme. Celle-ci s’échappe.

Au matin, Elsa se réveille, seule dans l’appartement. Elle va récupérer sa voiture, accidentée à Orly, et va la faire réparer. Elle remet ensuite l’appartement en ordre tout en recevant les appels téléphoniques du dealer ou des « amis » de Laure réclamant de l’argent ou de la drogue. Un vocabulaire inconnu lui apparaît : shoot, fixe, chit, héro, speedy, LE MANQUE, etc.…

La liaison téléphonique rétablie, elle prend ses dispositions pour diriger sa clientèle vers un confrère afin d’être disponible pour sa fille à temps plein. Elle pense naïvement que trois mois suffiront à remettre sa fille sur les rails.

Son ami François qui vit en Amérique ne lui est d’aucun secours, lui disant que sa fille est perdue et qu’elle ne doit penser qu’à son travail pour se sauver elle-même. Elle met donc fin à sa relation avec lui. Quelques temps plus tard, elle fera de même avec le docteur Greffier qui était pour elle comme une référence dans le savoir humain et qui la décevra également.

Laura réapparaît enfin pour apprendre par sa mère leur départ imminent pour le sud de la France

En trois jours, Elsa, brisée, a perdu ce qui faisait son monde, c'est-à-dire son travail, son ami et ses projets, elle n’a plus d’autres choix que de pénétrer et d’affronter le monde effrayant de sa fille.

Le voyage vers Hyères, à l’hôtel de la Falaise, la fait voyager avec une Laura inconnue qui emmène le diable avec elle et qui n’est plus tout à fait sa fille. Culpabilisée, Elsa, fataliste, se dit que ce qui est arrivé devait arriver et était écrit. Toute sa vie défile durant ce voyage. A l’arrivée, c’est l’espoir déçu de voir Laura de fort mauvaise humeur ne pas profiter du cadre idyllique de Hyères, ses crises de manque hantant leurs nuits, et son corps parsemé de mouchetures rouges et de morsures l’empêchant de prendre un bain de mer à la vue de tous.

Elsa la psychologue pleine d’assurance qui croyait tout savoir sur les mécanismes de l’âme humaine se sent aujourd’hui désarmée devant sa fille. Sa remise en cause est également totale en tant que mère.

Une autre dose de Tranxène à dose maximale ne semble être d’aucun effet sur sa fille…c’est l’impasse pour Elsa qui pense alors à l’un de ses amis psychiatre qui habite Marseille. Départ donc pour Marseille où elles restent les dix jours nécessaires à la désintoxication physique de Laure, puis elles s’envolent pour un séjour de deux semaines à Agadir au Maroc, journées hélas hachées par l’humeur changeante de Laure. Enfin c’est le retour à Paris où suivant le conseil de son ami psychiatre, Elsa veut que sa fille entre en relation avec d’anciens drogués s’en étant sortis afin qu’elle se soit plus seule à lutter. Et c’est la trahison, puisque lors d’une première rencontre avec Alex, une ancienne connaissance de Laura, celui ci remet à sa fille qui lui avait discrètement demandé une petite dose d’héroïne à l’insu de sa mère. Terrible colère d’Elsa qui cependant laisse repartir Alex… /…

Ce roman met l’accent sur l’épreuve que vivent les proches d’une victime de la dépendance à la drogue. La description de ce véritable chemin de croix menant à une hypothétique guérison est ici très bien exposée par l’auteur, que ce soit du point de vue de la victime que de celui de sa mère.

L’épreuve vécue par sa fille remet brutalement sa propre vie en question, de par ses certitudes et ses valeurs qui seront périmées à jamais.

Michel

mercredi 2 novembre 2005


« Le voisin », de Tatiana de Rosnay

 


De nos jours, dans une grande ville.

Colombes Barou semble être une femme comblée. Douze années de mariage sans nuage, un mari souvent absent mais aimant et deux enfants qu’elle adule. Cerise sur la gâteau, elle trouve un bel appartement à louer situé au quatrième étage d’un immeuble tranquille, ce dernier point étant d’une importance capitale, car avoir une bonne nuit de sommeil lui est indispensable. En effet, Colombes exerce la dure profession de nègre, réécrivant les esquisses de romans d’écrivains sans talents, ou pire, des biographies réalisées à partir d’interviews faits à la va-vite. Car de caractère trop timide, elle n’a jamais osé se s’exposer devant le public et subit sans se l’avouer les frustrations de son métier.

Hélas, Colombes doit vite déchanter suite au tapage nocturne produit dès 3h30 du matin par le voisin demeurant au dessus de sa chambre, et ce bizarrement lors des déplacements de son mari.

Ses nuits blanches perturbent les relations avec celui ci qui ne veut pas la croire, et aussi le bon déroulement de son travail.

Tout le bel équilibre qui régnait dans son existence est remis en cause par le voisin indélicat.

Les ennuis semblent s’accumuler lorsque Régis, son éditeur, propose à la sage Colombes un travail inhabituel, celui de travailler pour une artiste sulfureuse et d’écrire un livre tout autant sulfureux, ce qui est diamétralement opposé à son style habituel. Et c’est dans la douleur qu’elle entreprend ce travail qui lui semble contre nature, et en dépit du manque de sommeil.

Contre toute attente, ce travail réussit à la faire sortir de la femme introvertie qu’elle était, et elle écrit un livre qui sera un succès.

Admiratif, son éditeur la considère sous un œil nouveau - Plus encore, imprégnée du livre qu’elle vient d’écrire, sa personnalité change, tout comme son aspect vestimentaire - son mari ne la reconnaît plus et s’absente de plus en plus. Colombes est maintenant une femme libérée.

Cependant, on ne peut lutter contre le manque de sommeil éternellement, et épuisée, elle est ensuite incapable de réitérer son exploit et cesse même d’aller travailler. Pour se venger du voisin responsable de sa situation, Colombes, à bout de nerfs, subtilisant les clefs du concierge de l’immeuble afin d’en faire une copie, décide de pénétrer dans l’appartement du voisin inconnu pour y semer ainsi régulièrement le désordre - elle y assomme même celui ci rentré prématurément chez lui. Cherchant à joindre en urgence son mari dans son hôtel, elle apprend incidemment qu’il y mène une double vie depuis longtemps. Son couple vole alors en éclats…/ ….

Ce roman nous décrit un mal de la vie moderne : le bruit et ses répercussions sociales.
Ici, un voisin indélicat perturbe impitoyablement le sommeil d’une jeune femme, avec des conséquences importantes et irréversibles sur la vie familiale et professionnelle de celle ci.
Le voisin devient pour la jeune femme l’ennemi, son existence l’obsède, reléguant au second plan le reste de l’univers dans ce drame psychologique qui se joue en vase clos.
La jeune femme, et même le voisin verront leurs existences bouleversées par cette situation qui les dépassera et n’en sortiront pas indemnes. Les conséquences seront elles positives ou négatives sur le long terme sur la vie de chacun d’eux ? tel est le débat proposé par l’auteur du livre.

Michel  

mardi 1 novembre 2005


« Indignation », de Philip Roth


Année 1950, aux Etats-Unis.

D’origine juive, Marcus Messner est un brillant étudiant à l’université Robert Treat de Newark, dans le New Jersey. Après ses cours, il prête la main à son père dans l’entreprise familiale, une boucherie kasher. Celui-ci est particulièrement fier de son fils.

La guerre de Corée faisant rage, Marcus espère l’obtention de son diplôme afin d’obtenir un poste à l’arrière du front afin d’échapper à la mort. Car la famille est marquée par la perte de deux cousins de Marcus durant la seconde guerre mondiale.

Au fil du temps, son père développe une telle paranoïa pour tout ce qui concerne la sécurité et l’avenir de son fils que ce dernier décide d’échapper à l’atmosphère étouffante de sa famille en s’inscrivant à l’université de Winesburg située à 800 km de là, dans l’Ohio.

De nature solitaire et très indépendante, il refuse d’adhérer à aucune des confréries d’étudiants, et ce afin de pouvoir consacrer tout son temps à ses études qui l’obsèdent au point de ne pouvoir supporter à deux reprises ses camarades de chambrée ; il loge alors dans une chambre désaffectée et glaciale afin de trouver le calme nécessaire à la poursuite de ses études.



Autre signe de son caractère indépendant, assister au culte à l’église de l’université est pour lui une perte de temps très pénible. Pour essayer d’attirer les faveurs de Marcus, le président de la fraternité juive, Sonny Cottler qui a des attaches dans la même ville que lui, le fait remplacer par un autre étudiant qui, contre rétribution de la confrérie, signera pour lui à l’entrée de l’Eglise. Marcus accepte à contrecoeur.

Il entretient une relation passionnelle avec Olivia Hutton, jeune femme ayant fait une tentative de suicide et qui a une réputation de femme facile que refuse d’admettre Marcus qui en est amoureux. Sa mère qui est venue lui annonce son intention de divorcer de son père qui devient fou lui fait promettre de ne pas épouser Olivia ; en échange, elle renoncera de divorcer. Marcus accepte.

Tous ces comportements l’amènent à être convoqué par le doyen de l’université, Hawes Caudwell, qui lui reproche de ne pas s’intégrer à l’université tout en admirant ses brillants résultats. S’ensuit entre eux une discussion qui permet à Marcus d’exposer sa vision toute personnelle de l’existence

Arrive alors le jour qui marquera le destin de Marcus ; alors que celui ci est comme à l’accoutumé absorbé par ses études et isolé du monde extérieur, un chahut dégénère et s’étend à toute l’université - les autorités universitaires décident d’exclure les meneurs ainsi ceux qui ne partagent pas les valeurs de l’université. Bien qu’innocent, Marcus, dont le doyen n’a pas oublié les propos, est renvoyé dans sa famille.. / ..

Ce roman nous dépeint le destin contrarié d’un étudiant ne désirant que réussir ses études ; de même, sa vie amoureuse ne prend pas la direction qu’il aurait souhaitée. Les événements extérieurs provoqués par son entourage familial et universitaire le contraignent à subir les ceux-ci et à ne pas échapper à son destin.

Michel






« Lune captive dans un œil mort », de Pascal Garnier


De nos jours, dans le sud de la France.

«Les conviviales », tel est le nom de la résidence sécurisée pour retraités qu’ont choisie Martial et Odette Sudre, tout fraîchement arrivés de Suresnes, pour y finir leur vie. Confort, sécurité et soleil leur ont été promis par monsieur Dacapo, l’agent immobilier….et pourtant…

Car ils ne peuvent s’empêcher de ressentir un sentiment de profonde solitude en contemplant leur pavillon qui est strictement identique à tous les autres pavillons pour l’instant inoccupés.

La piscine et le club house sont déserts et le soleil brille par son absence; un mur d’enceinte isole le village du monde extérieur, l’accès se faisant par un portail activé par télécommande. Le gardien, Mr Fresch, personnage ombrageux et un brin inquiétant, veille sur la résidence. On est loin du paradis décrit dans le dépliant publicitaire présenté par l’agent immobilier.
C’est donc avec un réel soulagement qu’ils font connaissance d’un second couple de retraités, Maxime et Marlène Node, qui s’installe dans un pavillon proche du leur. Les nouveaux arrivants sont plus raffinés, sportifs, « m’as-tu vu », et originaires d’Orléans. Ils ont un fils, Régis, brillant avocat.

Puis arrive une personne « seule », Léa, célibataire encore belle, ce qui déclenche des interrogations parmi les Node et les Sudre. Celle-ci arrive de Paris et n’a rien du profil d’une retraitée.

Nadine, l’animatrice, arrive le lendemain et provoque une réunion au club house afin que des liens se nouent entre les retraités..

Les choses commencent à se gâter lorsque Maxime tente de séduire Léa qui l’éconduit, lui apprenant par la même occasion que seule la gente féminine l’intéresse. Pour se consoler, Maxime va faire du golf avec Martial, mais un lumbago l’immobilise, le contraignant à s’asseoir en permanence dans une chaise roulante.

Le lendemain, le sang coule, les retraités émotionnés aperçoivent le gardien tuant un malheureux chat à coup de pelle.

C’est alors que la rumeur comme quoi des gitans en grand nombre se seraient installés non loin de la résidence provoque une psychose parmi les retraités. Maxime sort de ses bagages un revolver pour se protéger ayant cru entendre un gitan voulant pénétrer par effraction chez lui, et tire à travers la porte de son pavillon alors que Martial s’apprêtait à lui rendre visite. Le drame est évité de justesse, mais suscite chez Martial la question de savoir ce que l’on ressent lorsque l’on tue une personne, sensation que semble connaître Maxime qu’il envie.

Lors de la réunion journalière au House Club, Maxime apprend que le gardien a eu vent de l’incident du revolver par Léa qui l’avait appris elle-même par Odette. Cela provoque la colère de celui-ci qui se venge en révélant à tous que Léa est lesbienne – il quitte à pied le House Club, et par impatience envers son épouse qui l’agace, révèle à tous un secret de famille, à savoir que Régis, leur fils, est mort d’overdose dans un squat à l’âge de 16 ans. De surcroît, il oublie le revolver qu’il avait caché sous le coussin de sa chaise roulante qu’il a abandonnée sur place.

Martial se saisit par inadvertance du revolver et rentre chez lui. Sur le trajet, il abat le gardien, Mr Flesh, alors que celui-ci taillait un buisson. Martial connaît maintenant la sensation de tuer…/…

Un roman au style dépouillé allant à l’essentiel et où nous est présenté dans un cadre sensé être paradisiaque tous les ingrédients qui conduiront un inoffensif groupe de retraités à la psychose et finalement au désastre.

Michel

dimanche 29 mai 2005

"La chute du British Muséum"
de David Lodge


Londres, en Grande Bretagne, au milieu des années 60.

Adam Appleby, jeune étudiant chercheur de troisième année, catholique et âgé de 25 ans, s’apprête à terminer sa thèse en se rendant chaque jour à la bibliothèque du British Muséum. Il est marié à Barbara qui s’occupe de leurs trois enfants, Clare, Dominic et Edward, le plus jeune.
L’entretien de sa famille a eu raison de la bourse qu’on lui a octroyée, et un découvert bancaire imposant maintient les conditions de vie celle-ci à la limite de la précarité.

Pourtant, le principal souci d’Adam n’est pas d’ordre matériel, mais sexuel. En effet, comment satisfaire son solide appétit sans provoquer une quatrième grossesse à son épouse ? la méthode dite « sans danger » prônée par l’église catholique ne semble guère efficace, tout comme la précision des multiples diagrammes de température de son épouse : une 4ème grossesse semble se profiler à l’horizon….Et de surcroît, le minuscule appartement que la famille occupe au 1er étage de la maison ne peut accueillir un quatrième enfant….

En ce jour de novembre qui le marquera à tout jamais, il ne prend pas le temps de lire une lettre reçue le matin même et enfourche son scooter capricieux pour se rendre à la bibliothèque où il retrouvera, comme chaque jour, Camel, son ami. Sur le chemin, il est retardé par un embouteillage provoqué par la voiture des Beatles….Arrivé enfin à la bibliothèque, on lui refuse l’accès de celle ci, sa carte de lecteur étant périmée. Il s’ensuit alors pour Adam un véritable parcours du combattant auprès des employés du Muséum chargé de lui délivrer sa nouvelle carte de lecteur, parcours que n’aurait pas renié Kafka quand au fonctionnement des administrations.

Avant de pénétrer dans la salle de lecture, et désireux de d’être informé par son épouse si oui ou non elle est enceinte, Adam se rend à la cabine téléphonique et y croise un gros américain qui lui demande de la monnaie afin d’appeler le Colorado. Cet américain jouera un grand rôle à la fin de sa journée. Ensuite, toujours sous l’emprise de ses inquiétudes, il se rend dans la salle de lecture qui lui apparaît comme un vaste utérus, les lecteurs assis en rang étant comme des fœtus.

Plus tard, il fait une apparition à la société Döllinger censée refuser d’admettre la doctrine de l’infaillibilité pontificale et soucieuse de libéralisation de l’église à l’égard de questions plus d’actualité, telle la sexualité…Adam participe alors brillamment à une discussion sur la contraception, les préservatifs et la pilule, puis s’éclipse.

De retour au musée, il rencontre Briggs, son directeur de recherche qui discute avec Banes, nommé récemment à la nouvelle chaire du Théâtre de l’Absurde et qui convoite le bureau de Briggs qui en est malheureux et surtout envieux de la promotion de Banes. Briggs demande à Adam où il en est de son étude sur Egbert Merrymarsh, auteur du théâtre de l’Absurde…Adam élude sa question..
Entre temps, celui ci a un songe où il s’imagine en pape, Alexandre VII, jadis marié, père de quatre enfants et à l’origine de l’encyclique traitant du rôle de la sexualité dans le mariage (problème des naissances, démographie mondiale). Reprenant ses esprits, Adam pense alors à la lettre qu’il n’a pas lue et qui s’avère être écrite par la nièce d’Egbert Merrymarsh qui lui propose de lui montrer des œuvres inédites de son oncle. Adam est tétanisé par cette nouvelle qui peut servir à la promotion qu’il espère.
Voulant téléphoner à nouveau à son épouse, la conversation d’Adam subit des interférences avec la standardiste et un troisième interlocuteur, la standardiste croyant en définitif qu’Adam lui signale un début d’incendie à la bibliothèque du Muséum. Les pompiers interviennent, au grand désarroi d’Adam qui s’enfuit dans la réserve de la bibliothèque. /
..

Un roman constamment teinté d’humour, le héros de l’histoire étant victime d’aléas qu’il gérera au mieux et qui seront facteurs d’amélioration de sa condition matérielle à la fin de la journée.
Michel