(Patientez un peu, une colonne importante va apparaitre sur la droite mais Blogspot est un peu lent...)


dimanche 29 mai 2005

"La chute du British Muséum"
de David Lodge


Londres, en Grande Bretagne, au milieu des années 60.

Adam Appleby, jeune étudiant chercheur de troisième année, catholique et âgé de 25 ans, s’apprête à terminer sa thèse en se rendant chaque jour à la bibliothèque du British Muséum. Il est marié à Barbara qui s’occupe de leurs trois enfants, Clare, Dominic et Edward, le plus jeune.
L’entretien de sa famille a eu raison de la bourse qu’on lui a octroyée, et un découvert bancaire imposant maintient les conditions de vie celle-ci à la limite de la précarité.

Pourtant, le principal souci d’Adam n’est pas d’ordre matériel, mais sexuel. En effet, comment satisfaire son solide appétit sans provoquer une quatrième grossesse à son épouse ? la méthode dite « sans danger » prônée par l’église catholique ne semble guère efficace, tout comme la précision des multiples diagrammes de température de son épouse : une 4ème grossesse semble se profiler à l’horizon….Et de surcroît, le minuscule appartement que la famille occupe au 1er étage de la maison ne peut accueillir un quatrième enfant….

En ce jour de novembre qui le marquera à tout jamais, il ne prend pas le temps de lire une lettre reçue le matin même et enfourche son scooter capricieux pour se rendre à la bibliothèque où il retrouvera, comme chaque jour, Camel, son ami. Sur le chemin, il est retardé par un embouteillage provoqué par la voiture des Beatles….Arrivé enfin à la bibliothèque, on lui refuse l’accès de celle ci, sa carte de lecteur étant périmée. Il s’ensuit alors pour Adam un véritable parcours du combattant auprès des employés du Muséum chargé de lui délivrer sa nouvelle carte de lecteur, parcours que n’aurait pas renié Kafka quand au fonctionnement des administrations.

Avant de pénétrer dans la salle de lecture, et désireux de d’être informé par son épouse si oui ou non elle est enceinte, Adam se rend à la cabine téléphonique et y croise un gros américain qui lui demande de la monnaie afin d’appeler le Colorado. Cet américain jouera un grand rôle à la fin de sa journée. Ensuite, toujours sous l’emprise de ses inquiétudes, il se rend dans la salle de lecture qui lui apparaît comme un vaste utérus, les lecteurs assis en rang étant comme des fœtus.

Plus tard, il fait une apparition à la société Döllinger censée refuser d’admettre la doctrine de l’infaillibilité pontificale et soucieuse de libéralisation de l’église à l’égard de questions plus d’actualité, telle la sexualité…Adam participe alors brillamment à une discussion sur la contraception, les préservatifs et la pilule, puis s’éclipse.

De retour au musée, il rencontre Briggs, son directeur de recherche qui discute avec Banes, nommé récemment à la nouvelle chaire du Théâtre de l’Absurde et qui convoite le bureau de Briggs qui en est malheureux et surtout envieux de la promotion de Banes. Briggs demande à Adam où il en est de son étude sur Egbert Merrymarsh, auteur du théâtre de l’Absurde…Adam élude sa question..
Entre temps, celui ci a un songe où il s’imagine en pape, Alexandre VII, jadis marié, père de quatre enfants et à l’origine de l’encyclique traitant du rôle de la sexualité dans le mariage (problème des naissances, démographie mondiale). Reprenant ses esprits, Adam pense alors à la lettre qu’il n’a pas lue et qui s’avère être écrite par la nièce d’Egbert Merrymarsh qui lui propose de lui montrer des œuvres inédites de son oncle. Adam est tétanisé par cette nouvelle qui peut servir à la promotion qu’il espère.
Voulant téléphoner à nouveau à son épouse, la conversation d’Adam subit des interférences avec la standardiste et un troisième interlocuteur, la standardiste croyant en définitif qu’Adam lui signale un début d’incendie à la bibliothèque du Muséum. Les pompiers interviennent, au grand désarroi d’Adam qui s’enfuit dans la réserve de la bibliothèque. /
..

Un roman constamment teinté d’humour, le héros de l’histoire étant victime d’aléas qu’il gérera au mieux et qui seront facteurs d’amélioration de sa condition matérielle à la fin de la journée.
Michel

samedi 28 mai 2005

« L’énigme du clou chinois », de Robert Van Gulik







Au VII ème siècle, dans la province de Chan-si en Chine du Nord, sous la dynastie des T’ang

Originaire de la ville de Tai Yuan où il est né en 630, et marié à trois épouses, le juge Ti est nommé dans le district de Pei Tchou, ville située à la frontière nord de l’empire fleuri peuplée en majorité de tartares baignant dans la sorcellerie. La fonction de juge est délicate, l’erreur judiciaire l’exposant à subir à son tour la même peine infligée à tort à un condamné.
Il est entouré de trois lieutenants qui l’assistent dans sa tâche, Tao-gan, Ma-jong et Tsiao-Tain, anciens voleurs de grands chemins repentis qui lui sont tout dévoués.
A peine installé dans son tribunal, il est informé de la disparition en plein marché d’une demoiselle Liao malgré que celle-ci ait été accompagnée d’une duègne, d’où la possibilité qu’elle puisse avoir disparu de son plein gré avec un galant.
Une autre affaire lui est présentée simultanément, puisque la femme de l’antiquaire Pan Feng est retrouvée sauvagement décapitée à son domicile. Ses deux frères, Ye-Pin, marchand de papier, et Ye-Tai, son assistant, accusent leur beau frère Pan-Feng de ce crime, celui-ci ayant quitté la ville précipitamment la veille du meurtre. Un avis de recherche est lancé contre lui.
Le juge, accompagné du sergent Honk et de Tao-Gan, se rend en palanquin au domicile de Pan-Feng, escorté par deux sbires à cheval frappant leur gong en criant « place, place, son excellence le magistrat approche ».
La maison est perquisitionnée, la victime reposant dans sa chambre sur un lit fourneau.
Si certains vêtements ne sont pas retrouvés, ses bijoux et l’argent liquide sont toujours là, cachés dans un tiroir secret d’un meuble. Paradoxalement, le rubis ornant l’alliance que porte la défunte a disparu.

Une petite table laquée rouge se trouve dans un coin de la pièce et une serviette recouvre la glace de la chambre, le reflet d’un mort dans un miroir portant malheur. La tête du cadavre étant introuvable, la maison est placée sous scellée.
Le juge Ti désigne le pharmacien Kouo comme étant le contrôleur des décès qui devra rédiger le rapport d’autopsie. Son épouse, madame Kouo, a acquis l’estime de la population en soignant les femmes de la prison, la science de la pharmacie lui ayant été enseignée par son mari. C’est d’ailleurs elle qui récolte en hiver l’herbe de lune sur la colline aux herbes médicinales.

Le juge est sceptique quand à la culpabilité de l’antiquaire, sa frêle constitution l’empêchant de décapiter la tête de son épouse, et les bijoux ainsi que l’argent n’ayant pas été volés.
Suite à une chasse au loup, le négociant Tchou, qui bien que contrairement à ses habitudes n’a pas réussi à tuer l’animal, organise un dîner en plein air par un froid glacial, tous les convives gardant leurs manteaux et leurs gants - Tchou, qui a huit épouses, souffre de ne pas avoir d’enfant.. Aux coté du Juge Ti sont présents Liao, le Maître de la guilde des tanneurs Liao et père de la demoiselle Liao qui a disparu, Yu-Kang, secrétaire de Tchou et fiancé malheureux de celle-ci, et enfin Maître Lan, champion de boxe des trois provinces du nord, célibataire à la vie austère se dévouant à son art – le juge apprend d’ailleurs avec amusement la passion de ce dernier pour le jeu des sept bouts de cartons avec lesquels il peut créer n’importe quelle forme. S’étant égaré en cherchant une salle d’eau dans la vaste demeure de Tchou, il aperçoit par hasard dans le jardin un bonhomme de neige aux yeux rouges exaltant une atmosphère malsaine (Tchou dit lui-même s’entraîner à l’arc sur des bonhommes de neige).
De retour à la table, il apprend que Pan-Feng a été retrouvé par une patrouille – il quitte alors Tchou pour se rendre au tribunal afin d’y rencontrer un inoffensif vieillard ignorant tout du meurtre de son épouse et pensant seulement que Ye-Tai et sa femme l’ont calomnié. En effet, Ye-Tai qui perd aux jeux de hasard demande sans cesse de l’argent à sa sœur, épouse de Pan-feng.
Le lendemain, Pan-Feng est interrogé sur sa hâte à quitter la ville. Celui-ci avoue en effet avoir couru au bureau de poste par crainte de ne pas trouver de cheval à temps lui permettant de se rendre au village des 5 béliers pour une affaire urgente qui le retiendra deux jours durant loin de chez lui.
Celle-ci conclue, sur le chemin du retour, il a dû fuir à la vue de deux brigands dont l’un a un bandeau sur l’œil, et dans sa fuite, a perdu l’objet qu’il venait d’acquérir – il est alors recueilli par une patrouille qui, paradoxalement, le fait prisonnier sans lui donner d’explications.

Le juge Ti lui apprend alors que ses beaux frères l’accusent du meurtre de son épouse, meurtre qu’il nie. Le magistrat est convaincu de son innocence et envoie au poste militaire une demande de renseignements sur les deux brigands aperçus par Pan Feng.
Le juge ordonne ensuite à ses lieutenants d’enquêter sur la fille de Liao.
Surveillant le magasin de Ye-Pin, le papetier, le lieutenant Tao Gan apprend par l’un de ses clients que mademoiselle Liao avait des rendez vous secrets avec un frêle jeune homme dans une demeure située près de la maison de rendez vous « la brise du printemps ».
Les autres lieutenants, Ma-Jong et Tsiao-Tai, passent tout d’abord à la demeure de Maître Lan pour lui demander de les accompagner dans leur enquête; celui-ci, répondant à une plaisanterie, fait montre de désillusion à l’égard de la gente féminine. Arrivé au marché, ils apprennent d’un enfant errant que mademoiselle Liao a faussé compagnie à sa duègne en suivant une femme d’âge mûr qui lui avait chuchoté quelques mots; plus grave encore, un imposant et inquiétant tartare les avait suivi de loin. Les enquêteurs en déduisent que ce personnage ne peut pas être l’amant de mademoiselle Liao.
Sur le chemin du retour, attiré par le bruit, ils se trouvent en présence des deux « brigands » aperçus par Pan-Feng , aux prises avec deux proxénètes qui voulaient les faire chanter, et de deux prostituées. Les proxénètes seront condamnés à 3 mois de prison, 50 coups de fouet et à une forte amende, les prostituées étant renvoyées dans leurs familles qui les avaient elles même vendues aux proxénètes du fait de leur grande pauvreté.
Les trois lieutenants rentrent au tribunal faire leur rapport, la déposition des deux soldats allant dans le sens de l’innocence de Pan-Feng, d’où la certitude de l’existence d’un troisième personnage ayant assassiné Madame Pan. Ye-Tai commence à être soupçonné d’être celui-ci de par sa moralité.

Le juge interroge Yu-Kang, fiancé depuis trois ans à mademoiselle Liao lien-fang, les fiançailles s’éternisant à cause de la tristesse de Liao à perdre sa fille et du peu d’empressement de Tchou, tuteur du fiancé, à se séparer de son secrétaire. Il apprend ensuite que le fiancé et l’amant sont une seule et même personne et que Mademoiselle Liao est enceinte. Informés de la situation, Liao et Tchou ont déjà refusé avec colère de donner leur consentement pour les marier, et Yu-Kang pense que Liao-lien-fang s’est suicidée de désespoir et qu’il en est responsable. Le juge Ti apprend de plus que Ye-Tai avait appris leur secret par une vieille servante et faisait chanter le secrétaire. Il pense maintenant que mademoiselle Liao a été plutôt enlevée. Il reproche donc au secrétaire d’avoir mal agi avec sa future femme, de l’avoir mis en danger. Les fiançailles et le mariage n’étant pas des affaires purement personnelles, mais familiales, il a offensé gravement ses ancêtres par l’annonce de fiançailles qu’il n’a pas respectées devant son autel familial.
Ye Tai est maintenant fortement soupçonné de garder prisonnière la demoiselle Lio, mais est introuvable lorsque le juge le fait quérir. Une convocation officielle est donc envoyée aux frères Ye.
Dépité, le juge décide de chercher Ye-Tai en se déguisant en marchand et en arpentant la ville. Il remarque une petite fille égarée du nom de Lo Mei-Lan, et qui est la fille du marchand de coton décédé voici cinq mois. Sa mère, madame Lo, est seule à s’occuper d’elle. Confiante, la petite fille dit qu’elle aimerait voir le chaton avec lequel sa mère parlait l’autre soir. Le juge comprend alors que la mère a un amant. Il ramène la petite fille à sa mère qui ne lui manifeste aucune reconnaissance..
Sur le chemin du retour, il croise ses hommes qui lui annoncent l’empoisonnement de Maître Lan dans une des chambres avec bain privé de l’établissement de bain qu’il fréquentait. Le cadavre boursouflé repose à terre, une théière et quelques morceaux de cartons posés sur une petite table. Le meurtrier, que Maître Lan connaissait et dont il ne s’était pas méfié, a pénétré dans la chambre et déposé à son insu dans la théière des pétales de jasmin empoisonnés. Durant son agonie, Maître Lan a bien essayé de désigner son meurtrier à l’aide du jeu des morceaux de carton, mais le dessin est incomplet, un morceau de carton manquant - celui-ci est découvert ensuite dans le poing de la victime.
Après enquête, un inconnu à la silhouette élancée et emmitouflée semble s’être mêlé aux clients habituels de l’établissement de bain.
A la séance du lendemain, le corps de Maître Lan est autopsié, le poison s’avérant être de la poudre extraite des racines de l’arbre à serpent qui pousse dans le sud de l’empire. La possibilité que l’assassin soit une femme est également évoquée de par sa description physique et par la nature de l’arme utilisée. De plus, les lieutenants se souviennent des propos de Maître Lan se plaignant qu’une femme avait miné ses forces.
Les témoignages sur l’emploi du temps de Pan (rapport des soldats et enquête sur place au village des 5 béliers) l’innocentent définitivement; provoquant les excuses de Ye-Pin, son beau frère.
Ye-Tai est toujours absent.
Ayant reconstitué par hasard le puzzle en une silhouette de chat, le juge Ti se souvient brusquement des propos de la petite fille du marchand de coton Lo décédé voici quelques mois.
Il apprend par le pharmacien que le marchand de coton Lo est mort subitement, les causes de son décès étant restées obscures. En effet, un cadavre ayant les yeux exorbités implique qu’il a reçu un coup porté derrière la tête, le rapport d’autopsie rédigé par le docteur Kouang mentionnant portant l’alcoolisme comme cause du décès. Ce docteur, qui était soupçonné de pratique de la magie noire, a quitté la ville depuis.
Le juge convoque madame Lo pour le lendemain
Il part ensuite pour une promenade sur la colline aux herbes médicinales où il rencontre par hasard madame Kouo, épouse du pharmacien, d’où des échanges de propos amicaux sur la poésie.
Puis il va visiter l’antiquaire Pan-Feng à son atelier et lui parle des bijoux de sa femme, bijoux dont l’antiquaire étonné nie l’existence, hormis l’alliance qu’elle porte au doigt – voulant prouver ses dires, le juge constate que ceux ci ont disparu du tiroir secret où il les avait vu lors de sa première venue, durant l’absence de l’antiquaire retenu au village des 5 béliers.. Le juge découvre alors que quelqu’un a pénétré par la fenêtre en sciant les barreaux et en les remettant soigneusement en place, et ce après avoir emporté les bijoux avec lui.
Il demande à l’antiquaire de vérifier la garde robe de son épouse : deux robes manquent au trousseau de son épouse. Le juge comprend se qui s’est passé, et que l’assassin a fait une erreur avec les bijoux. Il apprend aussi que la petite table laquée qu’il avait aperçue dans la chambre était en cours de séchage et que le meurtrier avait posé sa main dessus, se brûlant gravement à cause du produit toxique.
Le juge Ti conseille à l’antiquaire de clouer des planches à la fenêtre de sa chambre et de tout verrouiller.
Il rentre au tribunal et revoit ses lieutenants qui l’informent de propos qu’aurait dit Maître Lan à une femme inconnue qui était en colère après lui, créditant la thèse d’une liaison.
L’interrogatoire du lendemain avec madame Lo concernant son feu mari ne donne rien. Elle écope de 50 coups de fouet pour injures au tribunal et gardée en cellule
Comparait ensuite un commerçant qui prétend avoir eu sur son étal 100 gâteaux alors que le marchand qui avait renversé celui-ci en avait compté 50; le commerçant écope de 20 coups de bambous après pesage des gâteaux brisés ramassés sur la chaussée, le poids correspondant à celui de 50 gâteaux.
Pendant ce temps, le sergent Honk enquêtant en ville aperçoit dans une bijouterie l’imposant tartare en train de négocier l’achat de deux rubis. Il le suit ensuite dans un débit de vin afin de l’identifier. Ayant discrètement demandé auparavant à une connaissance d’aller chercher le juge, il s’assoit à la table du tartare qui le poignarde à l’insu des autres consommateurs. Le juge étant arrivé trop tard constate le décès et ramasse au sol les deux rubis.
Il demande alors à Ma-Jong et à Tsiao-Tai de se rendre le lendemain en compagnie de Tchou au village des cinq béliers afin d’interroger l’homme qu’avait rencontré Pan-Feng.
Deux jours plus tard,, les lieutenants Ma-Jong, Tsiao-Tai et le négociant Tchou sont de retour et arrivent au Yamen, le tribunal, où une séance extraordinaire a commencé. Elle concerne encore l’affaire Pan Feng.
Le juge annonce avoir des éléments nouveaux et expose une pièce à conviction : une tête de bonhomme de neige avec deux yeux rouges qui sont en réalité des rubis rouges enfoncés dans la neige.
La neige commençant à fondre, les rubis roulent à terre; Tchou se lève alors brusquement pour se saisir des rubis en parlant d’une voix enfantine et démentielle. « Rendez moi mes pierres rouges » ; il tire ses gants et ses mains recouvertes d’ulcères les saisissent. La neige s’émiette encore, un visage de femme apparaissant. Le juge fait alors venir à la barre une femme voilée, lui demandant de reconnaître la tête de mademoiselle Liao, ce dont elle s’acquitte….s’adressant ensuite à Tchou, il lui demande où se trouve Ye-Tai : « dans la neige », dit le dément.
Le juge annonce accuser Tchou du meurtre le mademoiselle Liao, et peut être de celle de Ye-Tai, et ce avec la complicité de madame Pan, car c’est elle qui est arrivée voilée et qui est debout devant le juge.
Une perquisition a été effectuée la veille au domicile de Tchou, celui-ci parti au village des cinq béliers. Madame Pan y a été trouvé en parfaite santé, ainsi que la tête de l’infortunée mademoiselle Liao cachée dans le bonhomme de neige se trouvant dans le jardin.
La complicité de madame Pan ne fait donc aucun doute. Celle ci fait une déclaration au juge. Elle s’ennuyait avec son vieux mari, et le peu d’argent qu’elle économisait lui était soutiré par son frère Ye-Tai – Elle s’est donc facilement trouvée séduite par Tchou, homme riche et considéré. Si celui-ci refuse étrangement ses avances, il accepte néanmoins d’être son amant qu’à la condition qu’elle l’aide à attirer mademoiselle Liao dans une maison abandonnée. Et c’est ainsi que la demoiselle est enlevée par Tchou.
Tchou annonce peu après à madame Pan que la demoiselle Liao est morte, et qu’il a trouvé un moyen de maquiller le meurtre. Sous la menace, madame Pan doit lui obéir en lui remettant ses propres vêtements et son unique bague sertie d’un rubis rouge. Se rendant clandestinement au domicile de l’antiquaire, Tchou met donc en scène le meurtre de Madame Pan. Il décapite mademoiselle Liao, la déshabille pour la revêtir ensuite des vêtements de madame Pan, lui mettant la bague de celle ci au doigt, et ce pour faire croire au meurtre de Madame Pan. Il repart avec la tête et les vêtements de la demoiselle Liao, escamotant au passage le rubis ornant l’alliance de la défunte.
Les fautes de Tchou furent d’avoir récupéré quelques jours plus tard les bijoux qu’il avait offert à madame Pan, ignorant que ceux-ci avaient été aperçus par le juge, ainsi que d’avoir touché la petite table rouge recouvert de laque en cours de séchage, laque qui lui brûla la main ; en effet, cette blessure l’empêcha de tuer le loup lors de la chasse, et le força à organiser le repas en plein air avec le juge Ti, le froid justifiant le port de ses gants – dernière faute également, il détacha le rubis rouge de la bague de madame Pan qu’il avait mis au doigt de mademoiselle Liao, alors que les autres bijoux rangés dans la chambre n’avaient pas été volé.
Après avoir résolu ces deux énigmes, le juge Ti doit résoudre maintenant celle de l’empoisonnement de Maître Lan .. / ..
Dans la chine antique du VII siècle après JC, trois énigmes policières se rejoignent pour un dénouement final digne d’Agatha Christie. Si le juge Ti a réellement existé (premier moitié du VII siècle après JC), l’histoire de l’échange des corps l’est aussi, mais défraiera la chronique trois siècles plus tard.
Un roman policier aux multiples rebondissements, émaillé de détails sur les us et coutumes de la Chine antique, et faits divers surprenants datant de cette époque.
Michel

vendredi 27 mai 2005



« Conte bleu », de Marguerite Yourcenar

Dans le port d’une île orientale, peut être au XVII siècle.

Sous un ciel bleu éclatant, des marchands européens débarquent sur une île avec officiellement l’intention de vendre étoffes, bijoux et verroterie. Leur but est en réalité d’atteindre une grotte renfermant des saphirs d’une grande beauté dont ils comptent s’emparer. Pour cela, ils doivent d’abord entrer dans le palais où ils espèrent trouver le renseignement les menant à ceux ci

Arrivés dans la cour d’honneur, ils essuient un refus à être reçus par les femmes qui sont trop effrayées et qui laissent porte close. Ils ne sont pas les bienvenus.

Dépités, le marchand hollandais perd 5 orteils de son pied gauche en essayant d’ouvrir la porte d’acier et le marchand italien 2 doigts de sa main droite…Et c’est contre un talisman que le marchand grec persuade finalement un homme malheureux en amour de les faire entrer dans une grande salle couleur outremer.

Les marchands ouvrent alors leurs coffres, mais aucune princesse ne se montre. Une chinoise les traite d’imposteurs, une femme habillée de noir leur lance même une malédiction, une autre vêtue de gris les ignore sans vergogne que c’en est trop pour eux lorsque leur apparaît une femme habillée de rouge et toute ensanglantée : Ils prennent la fuite dans les cuisines du palais.

Une jeune esclave aux longs cheveux noirs apparaît alors, apportant des morceaux de glace dans un bol pour soulager leurs blessures ; sa robe est déchirée à force d’être à genou pour prier. Sourde et muette, elle ne comprend pas les marchands qui lui montrent alors le reflet de ses yeux bleus dans une glace et les marques de ses pas dans la poussière, ceci pour lui signifier ce qu’ils attendent d’elle.

Elle fait alors sortir les marchands du palais, et tous s’enfoncent dans l’île par un chemin caillouteux menant à une colline bleue. Mauvais présages encore, puisque que le marchand castillan est piqué par deux scorpions tandis que le marchand irlandais pleure à la vue des pieds ensanglantés de l’esclave marchant pieds nus.

Ils pénètrent dans une caverne avec en son centre un lac aux reflets bleus, ceux des saphirs…si le marchand grec plonge ses mains dans l’eau pour se saisir en vain des pierres qui y flottent, l’esclave répond à ce geste inutile en dénouant ses cheveux qui, plongés dans l’eau, captent enfin les saphirs.

Le marchand hollandais s’en remplit les chausses, le tourangeau son bonnet, le grec une outre et le castillan ses gants…il ne reste bientôt plus rien pour l’irlandais. L’esclave lui donne alors son pendentif de verroterie à mettre sur son cœur. Ils quittent la grotte, riches mais ensanglantés.

Le castillan chancelle sur ses jambes, et le hollandais affamé est piqué par des abeilles en mangeant des figues le long du chemin. Le palais, puis le port, et enfin la barque sont en vue. N’éprouvant aucune gratitude envers l’esclave, le grec l’embarque de force et l’attache nue au mât afin de la vendre à un prince vénitien. Celle ci pleurant, ses larmes se transforment en aigues marines, les marchands faisant alors couler ses larmes tant que ce peut. Durant la nuit, le hollandais est pris de désir, mais ne trouve pas l’esclave qui s’est détachée de ses liens et enfuie.

Le voyage continue. Le castillan, ivre de souffrances, coupe ses jambes gangrenées par la piqûre des scorpions et meurt en léguant ses saphirs à son ennemi intime, le marchand bâlois. Inquiet, le tourangeau débarque pour rentrer par voie de terre : il échangera plus tard ses saphirs contre de la monnaie qui n’a pas cours dans son pays. A Raguse, le hollandais troque ses saphirs contre de la bière éventée, et si l’italien se fera nommer plus tard Doge à Venise, il mourra assassiné le lendemain de ses noces. Le grec, quand à lui, voit ses saphirs se diluer dans l’eau de mer après les y avoir plongés pour favoriser leurs éclats. Le navire étant ensuite attaqué par un corsaire, le bâlois avale ses saphirs et en meurt déchiré. Le grec se jette dans la mer, mais un dauphin l’emmène heureusement jusqu’à Tinos. L’irlandais est roué de coups et laissé pour mort dans la barque, son pendentif à son cou. / ..

Ce court texte où la couleur bleue est omniprésente dépeint le destin tragique de ces marchands avides et sans scrupules punis par le ciel. Le bien et le mal sont ici bien mis en évidence.
Michel






jeudi 26 mai 2005


« Le passage de la nuit » de Haruki Murakami


 
Tokyo, la nuit, ville de néons, aux boutiques diffusant de la musique électronique qu’éclaboussent les phares éblouissants des véhicules remontant les avenues, foule de piétons se hâtant de rentrer après une journée de travail harassante. Ville poulpe.

Un grand oiseau de nuit survole la ville, et son regard, tel une caméra invisible, se pose par hasard sur un modeste love hôtel à l’activité trouble, l’hôtel Alphaville. C’est de ce lieu que découlera la rencontre improbable entre Mari Assaï, 19 ans, et Takahashi, étudiant, et ce au cours d’une unique nuit durant laquelle la caméra suivra également les personnes évoluant autour d’eux. Atmosphère nocturne, sombres décors où violence et peur n’empêchent pas l’éclosion d’un amour naissant.
 
Mari, 19 ans, et Eri Assaï, son aînée, sont sœurs, mais se sont peu à peu éloignées l’une de l’autre. Alors que la faune dangereuse de la nuit envahit la ville, Eri est dans sa chambre, plongée dans un profond sommeil que rien ni personne ne peut interrompre – Mari, elle, dîne au restaurant «chez Denny ‘s» tout en lisant un livre. Un jeune homme entre alors dans le restaurant et la reconnaît comme étant la sœur d’Eri qu’il a connue. Il s’appelle Takahashi, étudiant et musicien le reste du temps. Tentant vainement de faire connaissance avec Mari, il apprend simplement que celle-ci parle couramment le chinois. Il part alors rejoindre son orchestre.
 
Peu de temps après, une femme du nom de Kaoru fait irruption dans le restaurant et implore Mari de la suivre, ayant appris par Takahashi qui a jadis travaillé à l’hôtel Alphaville que celle-ci parle le chinois. Gérante de cet hôtel, elle vient de constater qu’une prostituée chinoise vient d’y être agressée et volée. Cette dernière ne parlant pas japonais, l’aide de Mari est donc précieuse pour savoir qui elle est. Mari accepte de se rendre à l’hôtel Alphaville pour aider la prostituée à contacter son proxénète. Entre temps, Kaoru, grâce aux caméras de surveillance de l’hôtel, arrive à imprimer une photo du visage de l’agresseur qu’elle remet au proxénète arrivé devant son hôtel...
 
L’agresseur s’appelle Shirakawa, informaticien, quittant tard dans la nuit un immeuble de bureaux situé non loin du love hôtel; il a volé les affaires de la prostituée dont il se débarrasse sur le chemin du retour et également son téléphone portable qu’il abandonne sur un présentoir du magasin d’alimentation 7-eleven où il s’arrête pour faire quelques achats. Il ignore qu’il est désormais recherché par le proxénète chinois qui a sa photo. Peu de temps après, Takahashi entre dans le magasin, entend le téléphone sonner et s’en saisit par curiosité; une voix vengeresse le fait reposer aussitôt celui-ci.
 
A l’hôtel Alphaville, Mari fait connaissance de Koorogi, femme de chambre qui lui avoue travailler la nuit que pour échapper à d’implacables et mystérieux poursuivants. Mari retourne ensuite au restaurant «Chez Denny’s» pour y continuer sa lecture. Sa répétition terminée, Takahashi y réapparaît et reprend la conversation avec Mari; peu à peu, des liens de sympathie se nouent entre eux. Au moment de se quitter, à Takahashi qui souhaite la revoir, Mari avoue qu’elle doit partir en stage en Chine durant six mois, mais qu’ils pourront s’écrirent et se revoir ensuite.
 
Pendant ce temps, Eri Assaï est victime durant son sommeil d’un phénomène étrange: l’image de son poste de télévision situé devant son lit montre un homme masqué et assis qui l’observe en train de dormir. Elle émerge alors de son sommeil, toujours couchée dans son lit, mais dans l’univers du poste de télévision qui n’est autre que le bureau vide de Shirakawa. Elle crie, se lève, tape à la vitre de la télévision, mais ne peut sortir de cet univers virtuel. Celui ci se décompose alors peu à peu, Eri essayant alors de s’échapper pour ne pas être détruite aussi… et se rendort en retournant dans la réalité en réintégrant sa chambre../..
 
Ce livre est une prise de vue instantanée de la vie de plusieurs personnes à un instant donné, ici le temps d’une nuit. Il exprime la part de hasard intervenant dans le destin humain: malgré un environnement inquiétant et imprévisible se produit la rencontre inopinée de deux jeunes gens.
Le roman nous montre par ailleurs les répercutions d’actions positives ou négatives des acteurs de cette histoire dont les destins s’entrecroisent, sans toutefois nous en confirmer la conclusion.

Michel


lundi 23 mai 2005




« Veuf » de Jean Louis Fournier




De nos jours, à Paris.

Quarante ans de vie commune et sans nuages viennent de passer lorsque Jean Louis se retrouve brutalement veuf, sa femme ayant brutalement quitté ce monde par un triste jour de novembre.

Ce pénible évènement suscite un afflux de souvenirs où la tristesse se mêle toujours à la tendresse..

Jeans Louis se rappelle que, réalisateur de documentaires à la télévision, et par l’absence de son assistante habituelle, il rencontra sa remplaçante, Sylvie, celle qui devint très vite son épouse.

Déjà divorcé, Jean Louis a eu trois enfants de son premier mariage, ses deux garçons, Mathieu et Thomas souffrant tout deux d’un léger retard mental, et Marie, sa fille. Tous trois venaient un week-end sur deux au domicile de leur père, Sylvie s’occupant très bien et avec bonne humeur des deux garçons. Sylvie s’attacha également à la fille de son mari qu’elle emmenait lorsque Jean Louis et elle partaient en vacances.

Ainsi allait la vie, partagée entre famille, amis, maisons successives et animaux familiers, sans oublier la passion de l’écriture de Sylvie qui venait, cruel hasard, de terminer un livre sur les retraités, « les retraités sont débordés»


Aujourd’hui ; au faite de sa période de deuil, Jean Louis se remémore avec attendrissement leur quotidien, chaque fait anodin, chaque objet familier, chaque habitude, chaque évènement même sans importance étant prétexte à souligner les qualités de son épouse, qualités méritées qui plus est.

Dur avec lui-même, il se juge comme manquant de fantaisie, d’une banalité affligeante, tout à l’opposé de son épouse à la personnalité lumineuse.

Telle une citation de Garcia Marquez  « les gens qu’on aime devraient mourir avec leurs affaires ».
Michel

dimanche 22 mai 2005





Sommeil  de Haruki Murakami


Dire d'abord combien j'aime le livre-objet qui sert d'écrin à la nouvelle sommeil (Haruki Murakami) dont la couleur bleu-nuit semée des insectes argentés du rêve est déjà une invitation à quitter la réalité !
 
Très belle nouvelle aux entrées multiples.
D'aucuns parlent de "nectars"(André Clavel), mais aussi de "poisons" (Claude-Michel Cluny).

Qu'en est-il, en effet, de cette femme à la vie paisible d'épouse et de mère qu'un horrible cauchemar condamne à dix-sept nuits d'insomnie.
Cependant à en juger par l'intense activité nocturne dont elle fait preuve: manger du chocolat (interdit),boire de l'alcool (que son mari ne lui permet pas), lire, comme lorsqu'elle était maîtresse de son temps, s'identifier peut-être aux héroïnes amoureuses de Tolstoï ou de Dostoïevski et surtout, s'aventurer au dehors dans sa voiture; sa voiture qui ne la protège plus puisque les deux hommes qui la secouent vont la retourner, on a envie de dire "sens dessus-dessous"!

Cauchemar ou métaphore du réveil d'une femme qui n'accepterait plus les reniements que la vie maritale lui aurait imposés?

Jacqueline

samedi 21 mai 2005


« L’équation africaine » de Yasmina Khadra


De nos jours, à Frankfurt, en Allemagne. Kurt Krausman, brillant médecin, mène une vie confortable et sans soucis auprès de son épouse dans un luxueux quartier de la ville.

Tout paraît lui réussir, sauf peut être cette distance qui s’est installée peu à peu entre son épouse Jessica et lui. En effet, celle-ci, cadre supérieure dans une multinationale, est devenue lointaine, s’enfermant dans un mutisme que Kurt ne peut briser. Un soir, Kurt découvre le corps inanimé de sa femme qui, il l’apprendra plus tard, s’est suicidée parce qu’elle n’a pas obtenu la promotion qu’elle attendait depuis longtemps. Le chagrin ressenti par Kurt se mêle au sentiment de culpabilité de n’avoir pas pu prévenir le geste fatidique de son épouse,

Au chagrin s’ajoute l’incompréhension de Kurt qui s’enfonce alors dans la dépression.

L’un de ses meilleurs amis s’appelle Hans Makkenroth, passionné de bateaux et de peuples lointains. Pour l’aider, celui-ci lui propose de l’emmener à bord de son voilier en partance pour Djibouti.

Durant le voyage, son ami Hans essaie de lui redonner goût à la vie. Une nuit pourtant, au large des côtes somaliennes, le voilier est accosté par plusieurs pirates qui les prennent tout deux en otages, le personnel sans aucune valeur d’échange étant quand à lui impitoyablement passé par-dessus bord.

Le voilier est saisi pour être vendu, les otages brutalement transférés à terre et emmenés en captivité dans un ancien campement perdu en plein désert. Ils y retrouvent un autre otage, Bruno, ornithologue de nationalité française, grand connaisseur et amoureux de l’Afrique. Tous trois sont destinés à être monnayés au plus offrant.

Sous une chaleur torride, mal alimentés, déshydratés et blessés, ils subissent quotidiennement les brimades et violences de leurs geôliers, notamment celles de Joma, brute sanguinaire et impitoyable, et de Gérima, le chef de la bande, mythomane et tout aussi brutal, ancien déserteur de l’armée.

D’autres bandes de pirates présentes dans la région se livrent une guerre sans merci, exterminant elles aussi sans état d’âme les populations miséreuses. La capacité des habitants à subir les plus grands malheurs tout en conservant sourire et dignité et qui acceptent leur sort avec une philosophie de vie inconnue en Europe ébranle l’échelle des valeurs de Kurt qui s’accroche désespérément à son statut d’européen en rejetant cette Afrique qui pour lui n’est que violence et misère.

Hans qui a une haute valeur d’échange est rapidement emmené par Gérima pour y être rançonné.
Ce dernier ne revenant pas au campement pour partager le butin, Joma, furieux, décide de partir à sa poursuite en emmenant Kurt et Bruno. Au cours du voyage, Kurt et Bruno parviennent à s’échapper en tuant Joma, leur tortionnaire dont ils auront appris avec stupéfaction qu’il fut jadis un grand lettré et poète en son pays. Ils trouvent leur salut en atteignant un camp de la croix rouge situé dans le Darfour. C’est là que Kurt apprend alors le décès de son ami Hans, tué accidentellement au cours d’un accrochage entre les pirates qui l’emmenaient et l’armée qui ignorait la présence de l’otage.

Il fait connaissance d’Elena, bénévole, et avec qui il a une liaison.

Guéri physiquement, Kurt reste cependant hanté par les images de ce qu’il a vécu et ne peut trouver le repos. Rien ne sera plus comme avant. Comment sa femme a pu se supprimer pour une promotion alors que d’autres en Afrique survivent dans le dénuement et l’insécurité la plus totale?

Bruno étant rapatrié pour Djibouti, c’est à lui ensuite d’être embarqué pour l’Allemagne, laissant derrière lui Elena, Bruno et cette Afrique qui l’a tant malmené.

Arrivé à Frankfurt, il essaie alors de reprendre pied dans son ancienne vie en évaluant méthodiquement celle-ci, rencontrant amis d’enfance, et même son père qui l’avait abandonné durant son enfance. Réussira t-il?
 
Michel

vendredi 20 mai 2005

« Le Loup des steppes » de Hermann HESSE



Début des années 30, en Allemagne. Dans une petite ville de province, un homme âgé d’une cinquantaine d’années d’allure sombre et soignée loue une chambre meublée dans une belle maison cossue. L’environnent qu’il y crée est tout à l’opposé de celle ci, plancher encombré de piles de livres où quelques bouteilles de vin trouvent difficilement place, murs recouverts de peintures, de photos et d’articles de journaux : Voici l’antre d’un penseur tourmenté se dévouant exclusivement à la réflexion.
Cet homme étrange et solitaire s’appelle Harry Haller, relate ses réflexions dans des carnets « réservés aux insensés », et « le loup des steppes » est le surnom qu’il s’y donne.

Rejetant la bourgeoisie et ses valeurs, mais vivant paradoxalement de ses rentes, il se plaît néanmoins au coté de celle-ci, conscient de lui appartenir. En contradiction avec lui-même, sa quête d’absolu est mise à mal, source de souffrances. Car Harry aspire à l’absolu, à la pureté.

Or, le monde qui l’entoure est indifférent à sa quête du graal, jouissant de la vie tout en ignorant ses compromissions, préparant même et sans état d’âme la guerre de demain voulue par le monde des affaires et de la finance. En cette période de l’entre deux guerre, son engagement de pacifiste anti militariste lui vaut d’être régulièrement attaqué par la presse nationaliste allemande

Le loup des steppes ne trouve donc pas de réponses à ses réflexions; par exemple, comment expliquer que dans l’âme humaine la sauvagerie du loup puisse côtoyer les qualités altruistes de l’homme ? Que le saint et le débauché puissent y cohabiter ? N’y a-t-il que le suicide en dernier recours ?

Harry est donc un fou, un Don Quichotte menant un inutile combat contre les moulins à vent de la société, combat dont il sort profondément meurtri.

Traversant des périodes sombres ponctuées d’hallucinations, telle cette vision de la porte d’un théâtre magique qu’il ne peut ouvrir, Harry erre dans la ville au gré de ses humeurs. De restaurants huppés en modestes bistrots, il croise des personnages pourtant bienveillants dont il ne peut s’empêcher de relever les contradictions plus ou moins ouvertement… S’il perd ainsi l’amitié de certains, il gagne heureusement l’affection d’Hermine, jeune femme pleine de vie qui réussit le tour de force de lui apprendre à danser, et de Pablo, saxophoniste, qui lui ouvre la porte du théâtre magique dont il ressortira transformé.



Ce livre au premier abord dérangeant renvoie le lecteur à ses propres contradictions, puis l’entraîne dans les méandres d’un raisonnement humain implacable qui pourtant se terminera avec une note d’espoir; au fil des pages, on ne peut que se laisser séduire par ce livre étrange comme l’est son personnage.
Michel

dimanche 15 mai 2005

La piscine - Les abeilles - La grossesse de Yoko Ogawa



Trois récits plutôt que trois nouvelles, au style épuré,à la trame économe dont la"chute", si l'on veut l'appeler ainsi, reste ouverte (cf. La grossesse).
Trois récits comme trois femmes à trois âges de la vie:
La jeune fille de La piscine, dont les parents accordent soins et amour aux petits orphelins de l'établissement que le père dirige, à ses dépens pense-t-elle.
La jeune femme (Les abeilles), qui envoie un cousin étudiant dans un foyer qu'elle a naguère fréquenté en dépit de l'inquiétante et étrange évolution des lieux comme du directeur.
Enfin la femme qui scrute sans aménité La grossesse de sa sœur dont le lecteur penserait qu'elle est pathologique.

L'étrangeté de ces trois récits s'articule autour de la menace qui semble peser sur les personnages observés avec la cruauté perverse et tranquille des trois narratrices, frustrées , chacune à sa façon, par la vie.


A noter : Yoko Ogawa vient de publier un nouveau roman : "Manuscrit Zéro"
Jacqueline.

mardi 10 mai 2005

Une histoire familiale de la peur - Agata Tuszynska


TEMOIGNAGE


Encore un livre sur la shoah,ai-je pensé... et puis la formule de Paul Auster "une œuvre étincelante", la critique aussi du journal Le Monde ont eu raison de mes réticences.

A Agatha Tuszinska ,née en 1959 à Varsovie, comme à beaucoup d'enfants juifs, sa famille, sa mère lui ont caché jusqu'à ses origines. Elle n'apprend qu'à dix-neuf ans que sa mère est juive, qu'elle a vécu dans le ghetto de Varsovie et qu'elle a perdu une partie de ses proches durant la guerre. Romancière, poète,biographe (citons particulièrement, la biographie de l'écrivain polonais Isaac Bashevis Singer), femme de théâtre, elle s'attelle ,avec Une histoire familiale de la peur, à son histoire personnelle.

Mêlant documents historiques, photos familiales qui ouvrent de nombreux chapitres, tantôt au plus près de la vérité cachée, tantôt sous la forme du roman journalistique, l'auteur reconstruit l'histoire secrète de sa famille sur quatre générations.

Tantôt à partir d'un lieu clos (une maison, une rue) d'une ville, d'un village mais le plus souvent des personnes dont les photos-vignettes ouvrent les chapitres, elle nous dit "l'effroyable passé familial", fidèle à ce qu'elle croit profondément:"Nous sommes une mémoire. Nous sommes ce dont nous nous souvenons",affirme-t-elle.
 
Jacqueline