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dimanche 21 janvier 2007

UN PARADIS TROMPEUR
de Henning MANKELL

Prix du meilleur roman des lecteurs du POINTS 2015, je me suis dirigé vers ce roman de cet écrivain, auteur connu de polars. J'ai préféré un roman plutôt qu'une suite des aventures de son héros des romans policiers.
L'héroïne Hanna quitte le nord de la Suède des années 1900 comme de nombreux migrants européens pour échapper à la misère. Cette toute jeune femme va découvrir la brutalité et le cynisme des blancs en Afrique. Est-ce son éducation, son sens de la justice qui vont la faire agir pour atténuer le dénuement des noirs? La colonie portugaise orientale voisine de l'Afrique du Sud des Boers où sévit l'apartheid est le pays où se passe l'histoire.
Tout part de la découverte d'un carnet de notes ayant été rédigé par une vraie Hanna, le roman est la vie imaginée par l'auteur que ces notes lui inspirent. Roman réaliste sur les dégâts du colonialisme des européens importé sur cette terre d'Afrique : L'inhumanité de l'homme blanc est portée à son paroxysme dans ce début de 20 ème siècle naissant. Hanna va essayer contre son clan de rendre un peu d'humanité à la population noire de cette terre. Hanna s'interroge sur le comportement des blancs chrétiens, les noirs se demandent pourquoi cette cruauté des blancs. L'auteur évoque très lourdement le rôle des vendeurs de peurs allant jusqu'à élever des chiens bergers allemands de couleur blanche vendus très cher, d'une férocité sans égal, pour se protéger et agresser les noirs. Hanna s' interroge sur ce que sera la suite de la vie de ses hommes blancs ou noirs, n'y aura t’il pas un prix a payer de cette impossibilité de vivre ensemble. Henning MANKELL apporte un exemple de ce que nous vivons aujourd'hui en grand dans ce début de troisième millénaire : la guerre du tous contre tous pour le seul profit de quelque uns.
Richard

samedi 20 janvier 2007

« Une main encombrante »
de Henning Mankel


En 2002, à Ystad, en Suède
Depuis une trentaine d’années, l’inspecteur Wallander résout les enquêtes les plus difficiles dans la région, et être en contact avec le coté obscur de la société lui pèse de plus en plus.
L’âge de la retraite approchant, il aspire à une tranquillité qu’il espère trouver dans l’achat d’une maison pas trop chère située dans un coin retiré, quittant ainsi son petit appartement du centre ville
Son collègue Martinsson qui a eu vent de son projet lui propose alors d’acquérir une maison qu’un cousin de sa femme possède, Karl Eriksson.
La maison, est située dans un parc où règne la tranquillité et se trouve non loin de celle où demeurait son père, ce qui le réconforte.
Il parcourt d’abord les abords de la maison qui est planté de pommiers, groseilliers, cassis. Le gazon est agréable à fouler, malgré qu’à un certain moment, le sol craque sous ses pas.
Entré dans la maison, ce sont les habituelles impressions que l’on trouve dans une maison abandonnée ; odeur de moisi, revêtements de sols défraîchis, etc. Que de travaux de réfection en perspective ! Intéressé, il appelle néanmoins Martinsson pour marchander le prix à cause des frais de rénovation et s’apprête à remonter en voiture quand une pensée le retient : le bruit particulier qu’il avait provoqué en marchant sur un débris végétal… ce bruit avait réveillé son instinct de policier… Voulant en avoir le cœur net, il retourne dans le jardin, trouve l’endroit d’où provenait le bruit, écarte l’herbe… et aperçoit le squelette d’une main
Martinsson est stupéfait d’entendre au téléphone Wallander lui demander de venir en urgence à la maison de son cousin, Karl Eriksson, et est encore plus ébahi lorsque Wallander lui fait part de sa découverte. Les forces de l’ordre arrivent peu après, établissant un périmètre de sécurité. Médecin légiste et équipe scientifique sont sur les lieux - c’est une nouvelle enquête qui commence pour Wallander. La vente de la maison du cousin de son épouse est loin désormais et seule, l’origine du propriétaire de la main fera l’objet de l’attention de tous.
Comment d’un fait anodin peu découler un fait divers inattendu, c’est ce à quoi sont confrontés une fois de plus Wallander et son équipe, et ce pour le plus grand plaisir de ses lecteurs.
Les enquêtes de Wallander mettent en parallèle sa vie privée, morne et sans couleurs, avec celles-ci aux détours étonnants et qui surprennent de par leur importance le modeste mais tenace inspecteur de police. A l’instar d’un Simenon, Mankell nous entraîne une fois de plus dans une intrigue imprévisible dont il a le secret.
Michel ALLAIN


vendredi 19 janvier 2007


« Un faux-pas dans la vie d’Emma Picard »
de Mathieu Belezi

Vers 1860, durant le Second Empire, en Algérie

Emma est une veuve avec quatre enfants qui attend des jours meilleurs, car travailler dans les fermes françaises en 1860 lui suffit à peine pour nourrir sa famille. Du courage, elle en a pourtant à revendre, et c’est avec grand intérêt qu’elle découvre un jour une affiche aux couleurs chaleureuses vantant l’Algérie, le gouvernement français offrant à toute famille voulant s’y établir 20 hectares de bonne terre cultivable. D’un caractère volontaire, Emma est conquise et c’est avec un titre de propriété en poche qu’elle s’expatrie, débarquant à Alger pour prendre la diligence qui la mène à Mercier le Duc, village perdu de la région de Sidi Bel Abbés.

Soleil de plomb, chaleur écrasante, moustiques, bruits de la rue, ambiance cosmopolite à laquelle Emma n’est pas habituée, bagarre à l’auberge du village, être une femme n’est pas rien dans ce monde régit par l’homme. On est loin du monde exotique et accueillant représenté sur l’affiche aux couleurs chaleureuses

Qu’à cela ne tienne, Emma part illico découvrir sa terre promise, accompagnée de ses quatre enfants et d’un commis de ferme originaire de la région qui a déjà travaillé avec les anciens propriétaires de l’exploitation qu’Emma va reprendre

Une mauvaise surprise attend Emma, puisque l’indispensable puits nécessaire à l’irrigation des cultures est un « puits d’hiver » qui se tarit sous la chaleur écrasante de l’été : mauvaise pioche pour Emma pendant que d’autres ont eu plus de chance, leur ferme étant située à un meilleur endroit.

Depuis ses bureaux feutrés, le laxisme d’une administration mal informée des exigences du métier d’agriculteur a placé Emma dans une situation délicate : à un travail déjà éreintant pour une femme s’ajoute la nécessité d’aller puiser l’eau matin et soir pendant deux mois à une source perdue dans les collines avoisinantes.
Contrairement à ce promettait l’affiche, un avenir incertain attendra Emma et ses quatre enfants durant les mois à venir. Son courage et sa détermination suffiront il à vaincre les difficultés ?

Une politique inconséquente d’incitation au peuplement de l’Algérie menée auprès des agriculteurs français habitués au doux climat tempéré de la France, une absence dramatique d’informations sur les particularités climatiques, géographiques et politiques propres à ce pays lointain, voilà ce qui attend les colons français trop vite séduits par les sirènes du gouvernement français.

Un livre écrit d’une traite, haché, comportant un seul chapitre, journal de bord entrecoupé de réflexions à son plus jeune fils, écrit dans l’urgence sur un ton de tragédie.

Michel

jeudi 18 janvier 2007

Et quelquefois j'ai comme une grande idée
   Ken KESEY (1964)
 

Il s'agit d'un long roman particulièrement foisonnant qu'il est bien difficile de résumer.
L'intrigue se situe dans l'Oregon, dans une ville forestière.
L'apparition des tronçonneuses risque de mettre au chômage une partie des bucherons. Le syndicat a donc décrété une grève.
La famille Stamper qui n'adhère pas au syndicat décide de fournir à la scierie tout le bois dont elle a besoin et de ce fait se trouve en butte à l'hostilité de toute la ville.
Ceci va servir de toile de fond à tout le roman dans lequel évoluent de nombreux personnages dont certains ont une très forte personnalité, d'autres sont très complexes, ou encore très fragiles.
Le début du roman est un peu difficile à intégrer. Il faut en comprendre le fonctionnement, saisir à quoi correspondent les changements typographiques mais ensuite il est difficile de le lâcher.
Les thèmes sont multiples, les personnages sont complexes, les descriptions magnifiques.
Le contexte est particulièrement rude mais s'y glissent beaucoup de tendresse et de finesse
Arrivé à la fin on quitte les personnages à regret.
Barbara
 

mardi 16 janvier 2007

« Le chapeau de Mitterrand»
Antoine Laurain

En 1988, à Paris
Daniel Mercier est un homme sans histoire, menant une vie tranquille avec sa femme Véronique et son fils Jérôme. Directeur adjoint au service financier de la SOGETEC dirigé par Jean Maltard récemment nommé à ce poste, Daniel supporte mal le stress généré par la nouvelle réorganisation mise en place par celui-ci. Il sait que cela n’annonce rien de bon pour l’entreprise et donc pour lui.
Un jour, sa femme et son fils étant partis chez ses beaux parents, il se retrouve seul chez lui avec son stress et décide d’aller dîner en célibataire à la belle brasserie où il s’était rendu voici peu en compagnie de son épouse et de son fils.
Seul alors dans la salle, assis à sa table, il déguste pensivement ses fruits de mer et ressasse ses soucis professionnels. Et c’est avec stupéfaction qu’il prend conscience de l’identité d’un homme qui vient juste de s’installer à la table voisine : François Mitterrand, bientôt rejoint par Roland Dumas.
Se sentant vivre un moment historique, il ne peut hélas que percevoir des bribes de conversation parsemée de noms illustres entendus à la télévision et maintenant prononcée presque devant lui par le chef de l’Etat, ce qui le laisse pantois.
Le repas se terminant, Daniel voit le Chef de l’Etat le saluer et quitter la salle… sauf que Daniel s’aperçoit peu après qu’un objet oublié est resté sur la banquette : un chapeau noir, chapeau qu’il reconnaît sans peine pour savoir qu’il appartient à son illustre voisin de table qui a quitté la brasserie… et plutôt que de le porter au vestiaire, c’est pour marquer cet évènement qui vient de se produire qu’inexplicablement Daniel décide de le garder, telle une relique ; rentrant chez lui, un sentiment d’assurance et de bien être l’envahit inexplicablement pendant qu’il contemple avec émerveillement les deux lettres imprimées au fond du chapeau : « F.M »
Le lendemain matin, le chapeau sur sa tête, il se rend d’un pas alerte à une importante réunion portant sur la réorganisation du service. Et c’est devant les regards médusés de ses collègues qui le connaissent pour son habituelle discrétion que Daniel sort pour la première fois de sa réserve légendaire, bousculant brillamment les arguments de Jean Maltard qu’il remet en cause, et prenant le contrôle de la réunion sous le regard admiratif du Directeur Générale de la Sogetec. Ce moment sonne le déclin de Jean Maltard et l’ascension de Daniel Mercier.
Un banal objet égaré par son propriétaire qui, au gré de l’auteur du roman, le fait passer de tête en tête, peut-il influer sur la personnalité et le destin de ceux qui l’auront porté ? Tel est le propos de ce réjouissant roman remplit de dynamisme et d’humour, et qui sans jamais se prendre au sérieux, nous distrait agréablement
Michel

Michel ALLAIN

lundi 15 janvier 2007

Les pays
   Marie-Hélène LAFON (2012)
 

Claire, fille d'agriculteurs du Cantal, a très tôt compris que son émancipation passerait par les études. Elle s'y jette corps et âme.
Le roman commence par le premier voyage à Paris à l'occasion du salon de l'agriculture qu'elle raconte avec humour.
Plus tard elle poursuit des études de lettres classiques à la Sorbonne. Elle s'approprie peu à peu les codes de la grande ville et des milieux intellectuels.
Elle ne renie pas ses origines mais se distancie.
Devenue professeur elle achète une maison dans le Cantal pour les vacances.
Elle va ainsi de son appartement parisien à cette maison, d'un pays à l'autre, tous deux constitutifs de ce qu'elle est.
Barbara

 

dimanche 14 janvier 2007

L'Annonce
   Marie-Hélène LAFON (2009)

Dès l'adolescence Paul,46 ans, a été placé par ses parents avec Nicole,sa soeur, chez deux oncles célibataires,agriculteurs à Frideres dans le Cantal.
Paul se refuse à vieillir seul.Il a aménagé un appartement personnel dans la grange lors d'une relation avec une jeune fille du village qui fut un échec.
Il se décide à passer une annonce dans un journal.
Annette,celle qui lui répond, a vécu avec un alcoolique violent désocialisé dont elle s'est séparée. Ce dernier purge une peine de prison.Ils ont eu un fils,Eric,onze ans, un enfant doux et timide qui a déjà beaucoup souffert. La mère et le fils vivent dans le Nord.
Paul et Annette se rencontent à Nevers, à mi-distance de leurs domiciles respectifs. Après deux rencontres ils décident de vivre ensemble et Annette et Eric aménagent à la ferme.
L'accueil des oncles et de la soeur est rude.
Marie-Hélène LAFON nous fait explorer les sentiments de chacun des protagonistes. Elle nous montre comment chacun a cloisonné sa vie pour pouvoir tenir debout.
Dans un style superbe l'auteur décrit l'ambiance de la ferme,du village et l'adaptation progressive des personnages à leur environnement.
La fin du roman voit Annette gagner en dynamisme et s'affirmer
On regrette un peu que l'histoire se termine brutalement mais c'est une très belle histoire d'amour.
Barbara

samedi 13 janvier 2007

L'ARABE DU FUTUR
de
RIAD SATTOUF
Une jeunesse au moyen orient(1978-1984)
 

PRIX DU MEILLEUR ALBUM - ANGOULEME 2015
 
Il s'agit d'un ouvrage autobiographique.
L'auteur est né d'un père syrien et d'une mère française (bretonne)
Le père est le seul de sa famille à avoir été scolarisé. Il pense que l'avenir des pays arabes passera par l'éducation aussi prépare-il son fils à être "l'arabe du futur".
Le moyen orient, ses moeurs très rudes, les dictatures sont vues par les yeux d'un enfant.
Riad SATTOUF explore la confrontation entre les différentes cultures. Il ne fait aucune concession même à son père, mais fait preuve de beaucoup de tendresse. Il n'épargne pas sa famille française.
L'auteur raconte son enfance avec beaucoup d'humour . Les dessins traduisent également la souffrance qu'éprouve l'enfant à la naissance de son frère qui accapare toute l'attention de sa mère.
Les dessins sont sobres mais très expressifs
On s'attache au personnage de l'enfant.
Barbara


vendredi 12 janvier 2007

TAMARA DREWE
de
POSY SIMMONDS
(2007)
L'intrigue se situe à STONEFIELD dans la campagne anglaise que les adolescents désœuvrés trouvent mortel. Pour échapper à l'ennui ils font des sottises et essaient la drogue.
Ce village est, cependant, le paradis des écrivains en mal d'inspiration. Grâce à la résidence dirigée par BETH qui est l'épouse et la secrétaire d'un auteur de romans policiers à succès, de surcroit fort volage.
L'arrivée dans le cottage voisin de Tamara DREWE, belle jeune femme, journaliste à Londres quelque peu insatisfaite de sa vie, va mettre en émoi tout cette communauté et nouer le drame.
Il y aura deux morts
L'auteur alterne dessins et textes, change de typographie et ainsi permet à chaque personnage de révéler sa personnalité dans toute sa complexité.
Les dessins sont beaux, le tout est agréable à lire même si on peut regretter que certains traits soient un peu caricaturaux.
 
Barbara

jeudi 11 janvier 2007

 
  GEMMA BOVERY
de
POSY SIMMONDS
(1999)
 

Boulanger depuis sept ans à BAILLEVILLE, petit village normand, Raymond JOUBERT, ancien éditeur parisien, a pour voisin Charles BOVERY. Ce dernier est en pleine dépression après le décés de sa femme. Il trouve, en rangeant la maison qui va être vendue, plusieurs cahiers constituant le journal de Gemma mais n'a pas le courage de les lire. Raymond subtilise les cahiers car il craint qu'il y soit question lui. Il éprouve une culpabilité dont on ne connait pas l'origine.
C'est ainsi que nous prenons connaissance de l'histoire de ce couple qui semble une copie du couple imaginé par FLAUBERT dans Madame BOVARY.
C'est la similitude des noms qui a fasciné Raymond et l'a conduit à espionner la jeune femme, puis à redouter qu'elle connaisse le même destin qu'Emma.
Gemma dessinatrice dans plusieurs revues était la maitresse de Patrick LARGE, critique gastronomique dans l'une d'elles. Très éprise malgré l'égoïsme et la goujaterie de l'individu elle se déprime lorsqu'il la quitte.
C'est alors qu'elle rencontre Charlie BOVERY qui lui propose de venir vivre chez lui. Elle fait des efforts méritoires pour s'adapter à sa nouvelle vie mais son insatisfaction est majorée à la fois par le côté envahissant de l'ex-femme et des enfants de Charlie et par l'incapacité de celui-ci à s'imposer face à cette mégère.
Elle demande Charlie en mariage et le convaint d'aller vivre en France dans la campagne normande.
Après une courte période d'émerveillement l'insatisfaction de Gemma se développe, le désenchantement l'envahit, elle se met à détester la normandie, Charlie l'exaspère, elle s'ennuie...  Elle envisage de quitter la France et son mari puis y renonce. En faisant des courses à Rouen elle rencontre Hervé de Bassigny qui devient rapidement son amant.
Raymond est effaré que Gemma suive le même parcours de vie qu'Emma Bovary, il découvre aussi qu'il est amoureux de Gemma et jaloux. Il décide de provoquer leur rupture. Il envoie anonymement à Gemma une photocopie de la lettre de rupture écrite par FLAUBERT. Elle croit que c'est Hervé qui la lui a adressée pour rompre. Au même moment elle reçoit un fax d'Hervé lui annonçant qu'il ne peut l'accompagner à Londres. Elle se résigne à cette séparation consciente du fait que leur histoire ne pouvait avoir d'avenir.
Son mari découvre sa liaison et part pour Londres
Raymond essaie d'aider Gemma à régler ses problèmes avec la famille de Bassigny et avec les banques lorsque Patrick LARGE apparait...
Bien que Gemma ne soit pas Emma, elle meurt elle aussi. C'est Charly qui la trouve alors qu'il revient vers elle.
Il faut le lire pour connaitre le fin mot de l'histoire.
Raymond Joubert, en réalité personnage principal du roman, ne sera convaincu qu'à la fin que la famille BOVERY n'était pas une réincarnation d'Emma et Charles BOVARY.
Les dessins de POSY SIMMONDS, très doux, en noir rendent très bien les états d'esprit des différents personnages.
L'utilisation de typographies différentes permet bien différencier les réflexions du narrateur, de ses souvenirs et de la lecture du journal
C'est une lecture accessible même aux lecteurs n'aimant pas la BD.
 
Barbara

mercredi 10 janvier 2007

Nos disparus
 
de Tim GAUTREAUX
paru en 2009
 
Le roman débute le 11/11/1918 lorsqu'un contingent d'engagés américains arrive en France. Ils vont être employés à nettoyer les champs de bataille de l'Argonne. Le personnage, Sam SIMONEAUX, dont toute la famille a été assassinée alors qu'il avait six mois, a été élevé par son oncle qui l'a trouvé dans le poêle de la maison où son père l'avait caché, va rentrer aux USA traumatisé par cette expérience.
 
Il fait face, travaille comme gardien dans un grand magasin de La Nouvelle Orleans, se marie et a des enfants.
 
Tout bascule lorsque Lily WELLER, une fillette de trois ans est enlevée dans le magasin presque sous ses yeux. Il est licencié et sommé de retrouver l'enfant.
 
 
Il s'embarque sur un vieux bateau à aubes sur lequel sont organisées des croisières sur le Mississipi. C'est au rythme des orchestres de jazz blancs et noirs que la poursuite des ravisseurs nous fait  traverser les bayous, rencontrer les Cajuns les plus frustres et les plus violents.
 
Après bien des péripéties Sam SIMONEAUX réussit à remonter une filière de kidnapping d'enfant.
 
Cette quête lui permettra, également, de retrouver les traces de sa propre histoire et les assassins de ses parents.
 
C'est un grand et beau roman qui, entre autres, traite de l'importance des liens du sang, de l'inanité de la vengeance, de la transmission des valeurs. IL y est question de la perte, du deuil, de la résilience, de la justice, de l'amour...
 
A lire!
 
Barbara

mardi 9 janvier 2007

SOIE
Alessandro BARICO

paru en 1996
L'intrigue se situe e 1861 à Lavilledieu, dans le sud de la France, où réside Hervé JONCOUR, personnage sans ambition. L'économie de la ville repose sur l'élevage des vers à soie et sur la production de soiries. Lorsque une épidémie détruit les vers à soie, H.JONCOUR accepte, incité par BALDABIOU, d'aller acheter des œufs en Egypte. Il sauve ainsi l'industrie de la soie mais l'épidémie se propage à l'Afrique.

 
BALDABIOU le pousse à aller jusqu'au Japon, alors complètement fermé aux étrangers, où l'on produit la soie la plus belle du monde. Il part par la route terrestre que l'auteur nous fait suivre avec lui. Après ce long périple il arrive chez HARA KEI où il rencontre une femme mystérieuse dont les yeux "n'ont pas une forme orientale" (c'est là la seule image que nous avons d'elle). Ils vivent, au cours des quatre voyages qu'il effectue, une passion amoureuse à la fois pleine de retenue et de sensualité. La guerre civile au Japon met fin à ces voyages et à cette relation.

Ce court roman est construit comme un chant dont le refrain est constitué par le récit des voyages aller et retour.
 
Les personnages sont à peine incarnés mais ont, cependant une présence étonnante. L'auteur réussit à nous  faire percevoir l'évolution de son personnage principal sans nous la donner à lire.
C'est un roman éblouissant de légèreté et de profondeur écrit dans une langue économe et des plus belles.

Barbara
 

lundi 8 janvier 2007


« Au revoir là-haut »
de Pierre Lemaître


En 1918, dans le nord de la France, à la fin de la 1ère guerre mondiale

Le conflit touche à sa fin, et les soldats attendent impatiemment l’ordre venant de leur hiérarchie permettant de rentrer au pays, laissant derrière eux les tranchées dans lesquelles ils ont vécu : l’horreur au quotidien.

Pourtant, le capitaine Henri d’Aulnay-Pradelle, lui, est frustré, car privé de faits d’armes qu’il n’a pas eu le temps et l’occasion de vivre. En effet, il a soif de gloire et de reconnaissance, ce qui aurait pu redorer le blason de sa famille, celle-ci étant certes de petite noblesse, mais ruinée.

Et c’est d’un très mauvais œil qu’il sent l’imminence de la fin des hostilités, ce qui contrecarre ses projets.

Faignant d’ignorer l’inutilité qu’aurait une quelconque manœuvre militaire exécutée dès à présent, il demande à deux poilus d’aller en reconnaissance vers la cote 113, et ce à la surprise de son unité.

Des coups de feu retentissent peu après, les deux éclaireurs ne reviennent pas…

Sentant leurs camarades en difficultés, un sentiment de vengeance envers l’ennemi s’empare des soldats qui en oublient leurs désirs de retour, et l’ordre est donné d’attaquer.

Albert Maillard, simple soldat, est l’un deux. Au cours de l’attaque, celui-ci s’éloigne de son groupe sans s’en rendre compte, amenant la vision macabre des deux corps de ses infortunés camarades partis en éclaireur quelques instants auparavant. Un détail le laisse en état de choc : ils ont reçu chacun une balle dans le dos.

Quelle explication donner à cet acte incompréhensible ? Quel être humain en serait-il capable ?

Une peinture saisissante et violente du quotidien vécu dans les tranchées durant la première guerre mondiale. Pour certains, ce climat de fin du monde ne les empêchera pas d’exprimer leurs plus bas instincts, bien décidés à tirer profit de toutes les opportunités qui se présenteront durant et même après ce sanglant conflit.

L’auteur manie un humour au vitriol qui arrive à nous attendrir, et même à nous faire sourire durant les pires situations relatées dans ce récit qu’on ne lâchera pas avant de l’avoir terminé.

Michel ALLAIN