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jeudi 29 décembre 2005


« Les eaux tumultueuses »
 d' Aharon Appelfeld



La trame de cette histoire se déroule en Autriche, au début des années 30
C’est dans une auberge du petit village autrichien de Fracht que se réunissent chaque été des juifs aisés mais désabusés venus de passer la majeure partie de leur temps à perdre des fortunes au jeu et à boire de l’alcool. Un peu plus ruinés au fil des ans et en proie à un profond mal-être, ils restent inexplicablement attachés à ce lieu pourtant sans attraits.
Ayant déçu leurs parents qui avaient placés en eux leurs plus hautes ambitions, ils y rencontrent des gens leur ressemblant. L’auberge est leur point de repère, leur seul endroit à vivre pour se ressourcer….
Ce roman a pour sujet les signes annonciateurs de la persécution des juifs, l’hostilité montante de la population conditionnée par les nazis étant de plus en plus palpable au fil du temps.
Le livre m’a intéressé, mais pour en saisir l’essentiel, il m’a fallu le replacer dans le contexte de l’entre-deux guerres, au début de la montée du nazisme. Les juifs, tels des réfugiés dans l’auberge, sentent-ils l’imminence de la catastrophe qui va s’abattre sur leur peuple ? ce roman est composé essentiellement de réflexions et de dialogues qui se tissent entre les juifs et les employés de l’auberge. La place et le rôle historiques du peuple juif, ses caractéristiques et comportements dans la société autrichienne sont abordés sans concessions de part et d’autre
C’est un témoignage sur la montée de la discrimination et un plaidoyer pour la tolérance entre les peuples.

Michel ALLAIN

mercredi 28 décembre 2005

« Juste avant le bonheur »
 d’Agnès Ledig
 
En Alsace, de nos jours.
Julie Lemaire, jeune mère célibataire de 20 ans, élève seule son fils, Ludovic, âgé de trois ans… c’est sa raison de vivre. Ses parents l’ayant rejetée, titulaire d’un bac scientifique, elle a dû arrêter ses études pour élever son fils. A la ville, elle exerce le métier peu gratifiant de caissière dans un supermarché, supportant les indélicatesses de certains collègues et les sarcasmes du directeur.
Un jour, une convocation dans le bureau de celui-ci l’en fait en ressortir la larme à l’œil, et c’est cette larme qui attire l’attention de Paul Moissac, quinquagénaire aisé de 54 ans qui dépose ses achats à la caisse de Julie. Lui aussi a été malmené par la vie, sa seconde femme l’ayant quitté récemment après trente ans de vie commune. Il se surprend à appeler malicieusement la caissière par son prénom qu’il a lu sur son badge pour lui dire quelques mots réconfortants avec un humour qui fait du bien…une amicale et innocente complicité naît alors entre eux.
Une semaine plus tard, Julie accepte en toute confiance une invitation à prendre un café après sa journée. Désireux d’aider la jeune femme, Paul lui propose de l’emmener se reposer une semaine dans sa maison de Bretagne. D’abord incrédule, puis comme pour bousculer le destin, Julie finit par accepter ce qui ressemble à un conte de fée. Rentrée chez elle, elle téléphone à Manon, sa meilleure amie qui lui lance « profite ». Elle ira donc, aussi pour que son fils profite.
Coïncidence, Jérôme, le fils de Paul,, songe justement à téléphoner à son père afin de savoir si la maison de Bretagne est vacante. Veuf depuis trois mois, il n’arrive pas à surmonter son chagrin dû à la perte de sa femme. Il a besoin de repos et pourrait laisser son cabinet de médecine durant quelques jours à une remplaçante, Caroline Lagarde qu’il logerait chez lui. En réponse, son père lui dit se rendre le lendemain à Vannes et qu’il l’emmènerait volontiers avec lui. Jérôme apprend alors avec stupéfaction puis déception la lubie de son père.
C’est donc résigné qu’il assiste à l’embarquement de Julie et de Ludovic dans le 4 x 4 paternel. L’ambiance est tout d’abord tendue entre Jérôme et Julie qui regrette d’être venue, mais grâce à Paul, celle ci se détend un peu au fil des heures, les appels téléphoniques affolés de Caroline en quête de conseils auprès de Jérôme émaillant le voyage.
A l’arrivée, le décor est à la hauteur du rêve de Julie, avec la maison blanche en bordure de plage, le bleu du ciel rejoignant celui de la mer et le doux bercement du bruit des vagues.
Tout le monde s’installe et la vie s’organise. Visite du village, balade en bateau ou sur la plage composent le nouveau quotidien de Julie et Ludovic.
Jérôme se laisse peu à peu apprivoiser, faisant même découvrir les étoiles à Julie lors d’une sortie nocturne en bateau. La semaine passe ainsi doucement et s’achève. Tous ont fait le plein de bien être au contact des uns et des autres.
Puis c’est le drame : sur le trajet du retour, une voiture folle vient droit sur le 4 x 4, provoquant une collision frontale. Réveil douloureux de Julie à la clinique où elle apprend, atterrée, que son fils est plongé dans un coma profond. Si Paul est indemne comme elle, Jérôme reste à la clinique, plâtré avec quelques fractures. Sa remplaçante, Caroline vient le voir chaque jour, une douce amitié naissant entre eux. Jérôme lui demande de rester à son cabinet le temps de sa convalescence.
Pendant l’hospitalisation de Ludovic, Julie va s’installer dans la maison de Jérôme où loge déjà Caroline qui s’avère être un précieux soutien pour elle. Puis c’est la dure reprise à son travail.
A la clinique, elle fait connaissance de Romain Forestier, kinésithérapeute qui s’occupera journellement de Ludovic toujours dans le coma. Elle apprend au fil de leurs conversations que Romain est divorcé et élève seul sa fille Charlotte. Pour la distraire un peu de son chagrin, Romain lui fait visiter la clinique et essaie de lui redonner goût à la vie.
Un mois a passé depuis le drame. Si le temps s’est arrêté pour Julie, la vie continue tant bien que mal pour son entourage.
C’est lors d’une visite à la clinique que Paul fait connaissance de la meilleure amie de Julie, Manon. Un courant de sympathie passe entre eux, ayant pour point commun Julie.
Jérôme sort alors de la clinique bien que sa convalescence soit loin d’être achevée, l’inaction lui pesant décidemment trop. Sa remplaçante manquant d’expérience est soulagée de le voir à ses côtés au cabinet et Julie est également contente de sentir la présence d’un homme dans la maison
Amitié et compassion à l’égard de Julie font que Paul songe à investir dans un appartement qu’il lui louera pour un loyer dérisoire. Ce n’est qu’un projet, mais il y tient.
Le lendemain, alors que Julie est légèrement assoupie au chevet de son fils, elle sent une petite main se poser dans la sienne… réveillée, elle constate que Ludo la regarde intensément….le temps d’un bref instant, un espoir fou renaît en elle jusqu’à ce qu’il prononce deux mots terribles, « laissez moi », pour ensuite se rendormir aussitôt. Le bruit strident d’une machine signalant l’arrêt cardiaque du cœur de Ludovic retentit alors, suivie de l’arrivée de l’équipe médicale s’affairant désespérément à le faire revenir, mais en vain. C’est fini …/ …

Les amis de Julie l’entourent…. réussiront ils à lui redonner le goût de vivre ?
L’auteur nous dépeint l’univers de Julie, jeune mère célibataire et gentille caissière d’un supermarché qui affronte une vie morne et difficile du mieux qu’elle le peut.
Lorsque quelqu’un lui tend enfin une main désintéressée, la chance semble lui sourire, mais les aléas de la vie font que ce sourire devient grimace comme pour rappeler qu’en ce monde, rien n’est jamais acquis. 
Bonheurs et drames ont déjà éprouvé la vie de ses amis qui, de par leur vécu, l’entourent que davantage afin de l’aider à surmonter cette terrible épreuve qu’est la perte d’un enfant.
 
Michel

mardi 27 décembre 2005


SOURIEZ, VOUS ETES EN TUNISIE !
d’Habib SALMI écrit en arabe et paru en France en 2013



C’est par ricochet que j’ai lu ce livre qui narre le voyage d’un tunisien naturalisé français vivant en France, marié à une française. Il retrouve les siens lors de ses vacances au pays.

L’affiche d’un jeune enfant avec un bouquet de jasmin à la main est le slogan qui donne le titre de ce livre.

Des changements intervenus dans les comportements de sa famille depuis sa dernière visite il y a 5 ans l’intriguent !

Pour moi une de ses belles sœurs incarne les changements inéluctable dans ce pays : elle est habillée à l’européenne, travaille, sort seule, conduit sa voiture dans Tunis, les cheveux au vent et rêve de quitter le pays…

Même si son propre frère fréquente assidûment la mosquée, sa femme porte le voile, ce qu’ils ne faisaient pas il y a 5 ans !

La surprise de notre Tunisien de Paris met en évidence l’hypocrisie d’une partie de la société tunisienne pendant que l’autre souhaite sortir de son enfermement, notamment les femmes grâce auxquelles la société avance à grands pas.

Nous sommes en 2010 juste avant la révolution de jasmin.

J’ai lu ce livre après avoir vu la film de Kamel REGAYA : SIT IN RIHLA réalisé en 2013, 3 ans après la chute du dictateur BEN ALI. Le livre puis le film interrogent le rapport complexe de l’identité et de l’altérité et surtout le rôle des femmes pour un nouvel avenir.

Richard Delestre

lundi 26 décembre 2005

LA SEMAINE SAINTE Louis ARAGON paru en 1959

Quelle est l’histoire de ce roman de 800 pages de la collection folio que j’ai commencé, abandonné puis repris :
Des militaires se regroupent pour suivre LOUIS XVIII dans sa fuite vers l’étranger. Théodore Géricault peintre des cavaliers de l’Empire puis mousquetaire du roi fuyant Napoléon Bonaparte de retour de l’île d’Elbe pour les cent jours fait partie de cette aventure  avec des personnages peu recommandables : les « ultras » que la guillotine hante encore, ceux qui n’ont jamais vraiment quitté Versailles, celles et ceux qui défendent bec et ongles leurs intérêts et leurs privilèges, leur parcelle de pouvoir, la peur chevillée au corps du retour à 1789 ! Lors de cette Semaine Sainte de l’année 1815, Théodore Géricault s’interroge avec d’autres sur l’avenir de la France, de son gouvernement, une France où la révolution industrielle commençante a besoin d’une autre gouvernance laissant derrière elle l’empire qui a épuisé les ressources humaines de l’Europe entière.
Dans cette déroute, parmi les fuyards se dirigeant vers les coalisés, il y a des jeunes cavaliers qui se posent la question de demain, ils redonnent l’espoir toujours recommencé comme à Valmy avec les soldats de l’An II
Qu’est-ce qui m’a plu dans ce livre ?
La semaine sainte c’est aussi pour le christ la semaine de la trahison.
La force de ce roman est de poser la question du rapport de l’artiste à son œuvre ; est-ce que l’artiste doit réaliser une œuvre de soumission ou son art doit questionner ? C’est la liberté de l’artiste !
Est-ce que la fidélité à ses idées empêche d’évoluer ?
Il faut dire que le parti communiste français auquel appartenait Aragon a boudé ce roman qui n’aborde pas le réalisme socialiste.
La fidélité ou l’opportunisme ? Théodore Géricault est fidèle malgré la fréquentation de nobles condamnés par l’histoire.
C’est aussi la question d’Aragon pour lui-même !
Les « alluvions humaines » chères à l’œuvre romanesque de ce grand auteur du vingtième siècle permet au lecteur de mieux appréhender l’histoire pour éviter d’en revivre des épisodes douloureux !
J’aime l’engagement, j’aime lire Aragon !
Richard Delestre
 




dimanche 25 décembre 2005

LES BEAUX QUARTIERS
de LOUIS ARAGON
 

Les romans de Louis Aragon ont-ils bien vieilli ? Quel est la modernité des BEAUX QUARTIERS écrit en 1936 et qui retrace les années d’avant 1914 ? L’année de l’assassinat de Jean Jaurès ?
Ce roman nous amène à la veille de la première guerre mondiale, 2014 sera le centenaire !
En 1936 ce livre fut jugé subversif, c’est ce qui m’a attiré, le premier que je lis de ce grand écrivain du 20 ème siècle, c’est qu’il donne une image calamiteuse de la bourgeoisie, il fut cependant récompensé par le prix Renaudot alors que Bernanos obtient le Goncourt pour le « Journal d’un curé de campagne ».
Je ne connaissais que les poèmes chantés par Léo Ferré et dernièrement ce fameux «  C’est une chose étrange à la fin que le monde » merveilleusement dit par Jean d’Ormesson !
En histoire de l’art avec l’Université inter-age nous étudions, avec délectation pour ma part, cette période foisonnante des années de l’après première guerre mondiale, du regard que la civilisation va porter sur elle-même: le surréalisme, les années folles, Fernand Leger, l’art moderne… J’ai souhaité lire ce livre pour illustrer cette époque.
Pas facile de résumer un pavé pareil, plus aisé est peut-être de suivre les itinéraires différents des 2 fils de ce médecin d’une ville de province, dont il est maire puis député, située entre Aix et Marseille.
L’un va gâcher ses études de médecine à la faculté de médecine de Paris pour paraître avec la bourgeoisie sulfureuse des Beaux Quartiers.
L’autre ne supportant pas le jugement de sa famille sur ses fréquentations jugées trop modestes quitte son lycée renommé, alors qu’il est bon élève.
Le père attend de son premier fils qu’il réussisse pour venir le remplacer, le deuxième est lui promis à de brillantes études supérieures.
Un tourbillon de fripouilles tourne autour d’eux pour profiter de leur jeunesse !
En effet que se passe t-il en cette année 1913 ? Va t-on oui ou non voter les crédits militaires, allonger le temps de conscription pour grossir les effectifs de l’armée ? Bref, il y a le nationalisme revanchard et l’affairisme qui compte bien retirer les prébendes du conflit qui s’annonce inéluctable !
Sauf, qu’il y a Jean Jaurés, c’est cet homme qui donne espoir au deuxième fils du docteur. Il assiste à la grande manifestation contre la guerre à Paris.
On connaît la suite, quelques jours après Jaurés est assassiné et la guerre est déclarée…
La modernité du livre de LOUIS ARAGON est de repousser l’égoïsme de l’argent, sujet éternel si bien chanté dans l’opéra FAUST.
Pour rentrer d’avantage dans l’univers romanesque, si riche, de LOUIS ARAGON, décédé il y a tout juste tente ans, ma prochaine lecture sera LA SEMAINE SAINTE.
A bientôt
Richard



samedi 24 décembre 2005

« Notre-Dame du Nil »
 de Scholastique Mukasonga
 
 
 
Au Rwanda, en 1970, dans un lycée isolé dans la région montagneuse du Congo-Nil, non loin de la commune de Nyaminombe Le lycée « Notre Dame du Nil » est réservé exclusivement aux jeunes filles de l’élite rwandaise et a été érigé dans les montagnes, à 2493 m d’altitude, près de la source du Nil, loin de l’agitation des villes. Près de la source du fleuve se dresse une vierge noire appelée « Notre Dame du Nil », but de pèlerinage de la population locale, les lycéennes s’y rendant une fois par an, Dans le lycée que dirige une mère supérieure, sœurs catholiques, aumônier, professeurs belges et coopérants français enseignent les principes démocratiques et chrétiens aux chastes jeunes filles hutues et tutsies qui pourront, grâce aux diplômes qu’elles recevront, trouver les meilleurs partis dans les classes supérieures de la société. A l’image de la répartition démographique et sociale du pays où les hutus (à l’origine agriculteurs) sont majoritaires et dirigent le pays, seulement dix pour cent de tutsies (à l’origine éleveurs) sont admises dans les effectifs du lycée. Dans la classe de terminale, deux élèves tutsies seulement, Virginia et Véronica, essaient de s’intégrer dans le groupe d’élèves composé de hutues parmi lequel se trouvent Godelive, Immaculée, Modesta, Gioretti et surtout la redoutable Gloriosa, ennemie jurée des tutsis qu’elle aimerait faire exclure du lycée. En plus de leurs cours, la vie des lycéennes est émaillée d’anecdotes mettant en scène Kagabo le guérisseur, Rubanga le sorcier, Nyamirongi la faiseuse de pluie ainsi que monsieur de Fontenaille, pittoresque peintre et anthropologue habitant la plantation de café voisine. Celui ci affirme en effet que les tutsis descendent des pharaons noirs de Méroé de par leur morphologie et leur beauté, exacerbant un peu plus la jalousie des hutus déjà furieux de savoir que la statue de la vierge noire a les traits d’une tutsis….Pour prouver ses dires, l’anthropologue invite discrètement Véronica et Virginia à venir contempler chez lui de grandes peintures murales qu’il a peintes et qui représentent la déesse Isis qui ressemble à s’y méprendre à Véronica, ainsi que la reine de Candace, portrait craché de Virginia. Pour accentuer les ressemblances, il pare les deux lycéennes de vêtements et de parures égyptiennes. Troublées par toutes ces révélations, les lycéennes regagnent le lycée sans être vu de personne. Véronica y retournera régulièrement, mais seule, car séduite d’être l’héroïne des mises en scène du vieil anthropologue, tandis que Virginia devra subir un désenvoûtement par le sorcier Rubanga pour la délivrer d’un cauchemar récurent où apparaissent la déesse Isis et ses serviteurs. Un événement d’importance se précise alors par l’annonce de la prochaine venue de la reine Fabiola, souveraine des belges désireuse d’encourager la politique de promotion féminine du gouvernement rwandais. Les préparatifs vont bon train et monopolisent tout le lycée : les professeurs se réjouissent à l’idée d’être présenté à la reine, on tend du tissu sur les murs de la grande salle d’étude, chansons et danses patriotiques sont imposées par Gliorosa qui n’a pas hésité pas à censurer ce qui doit l’être. Le rythme du quotidien s’accélère avec le va et vient des autorités de l’Etat, du service de sécurité de la reine et des journalistes trop indiscrets. Une haie d’honneur formée par les villageois est prévue entre le village et le lycée. Puis c’est la déception avec l’annonce de la brièveté de la visite de la reine qui a un emploi du temps trop surchargé. Avec du retard, celle-ci arrive avec sa suite, abrégeant le protocole afin de respecter son emploi du temps. Elle visite néanmoins toutes les classes, puis repart, seul son immense chapeau restant dans les mémoires des lycéennes. Gloriosa fait part à Modesta d’un projet auquel elle pense depuis longtemps ; celui de se rendre en secret à la source du Nil et d’y couper le nez de la statue « Notre Dame du Nil » qu’elle trouve trop semblable à celui des Tustis, pour le remplacer ensuite par un nez en accord avec celui du peuple majoritaire du Rwanda, les Hutus… / … Un roman dépeignant les signes avant coureurs de ce que sera le génocide tutsi au Rwanda vingt ans plus tard, fruits de l’intolérance et du mépris des adultes transmis à leurs enfants.
 
Michel

mercredi 21 décembre 2005


« La forêt des renards pendus »,
d’Arto Paasilinna
 

En Suède, de nos jours

Rafael Juntunen est un gangster heureux, puisqu’il mène grand train de vie à Stockholm, profitant du butin amassé lors d’un hold-up effectué avec l’aide de deux complices, Siira, meurtrier sanguinaire, et Sutinen, ancien conducteur de bulldozer un peu simplet. Ces deux derniers sont en prison, capturés au cours de l’opération et attendant impatiemment la fin de leur peine pour profiter de leur part que leur garde Rafael Juntunen. Ce dernier a caché ses lingots d’or dans sa ferme natale, débitant ceux-ci en fins copeaux pour les revendre en fonction de ses besoins d’argent. Rafael rend bien visite en prison à ses complices, mais ses venues s’espacent, l’idée de partage s’estompant peu à peu. Il décide tout bonnement un jour de garder tout l’or pour lui. Son naïf complice Sutinen étant prématurément sorti de prison pour bonne conduite, il n’hésite pas à le faire tomber le lendemain de sa sortie dans une machination qui le ramène illico en prison.

C’est après cet épisode que Rafael Juntunen décide de quitter le pays, craignant le mauvais sort que lui promet son autre complice toujours emprisonné, le sanguinaire Siira. Alors, c’est la Floride, puis New-York où il est dévalisé, et enfin le piteux retour en Suède pour y retrouver son or. La crainte lui fait opter pour une contrée désertique, là où son dangereux complice n’aura pas l’idée de le chercher : la Laponie, en Finlande, et plus précisément un lieu désolé situé à une journée et demi de marche du village de Pulju, au pied du mont Potsurais, là où coule le ruisseau de Kuopsu. Ayant établi péniblement son campement, il cache l’or au pied d’une petite crête sablonneuse. Lui et son trésor sont enfin en sécurité. Du moins, il le croit.

Car dans le même temps, des manœuvres militaires se déroulent dans les environs et sont conduites par le chef de bataillon Gabriel Remes, militaire du génie ayant un fâcheux penchant pour l‘alcool de bigarade. Si les manoeuvres militaires se déroulement parfaitement, un fait bizarre a lieu, à savoir qu’un civil en état d’épuisement physique refuse d’obtempérer suite à l’ordre de quitter le champ de manœuvre et reste obstinément au pied du mont Potsurais. Celui ci s’appelle Rafael Juntunen. Les manœuvres terminées, Gabriel Remes, qui a entamé son congé sans solde et dont la curiosité a été piquée, se rend au campement pour faire connaissance avec le civil. Celui-ci voulant cacher sa profession « illicite » se présente comme « conservateur adjoint à la bibliothèque de l’université de Helsinki » chargé d’étude sur les lichens proliférant dans cette région. Gabriel Remes n’est pas en reste non plus, embellissant son cursus militaire et social.

Les deux hommes sentent qu’une association serait profitable à chacun d’eux, l’un étant riche, l’autre ayant les compétences pour survivre dans ce milieu hostile. Ils décident tout deux de former une équipe de chercheurs d’or et de s’établir dans une cabane de bûcheron abandonnée. Un renard qu’ils prénomment « cinq cent balles » parce qu’il leur a subtilisé un billet de banque leur tient compagnie, mais à bonne distance. Le confort de l’hôtel de Stockholm lui manquant, Rafael aménage peu à peu la cabane luxueusement, y installant groupe électrogène et salle de bain, ainsi qu’une prison à l’intention de Gabriel pour être sûr de n’être pas suivi par celui ci durant le temps qu’il irait contempler son or.

Durant ce temps, bien plus au nord, dans la bourgade de Sevettijarvi, la doyenne du village, Naska Mosnikoff, est invitée en grande pompe par le conseil municipal à entrer la maison de retraite. Celle-ci refuse et s’échappe durant son transfert et s’enfonce dans la forêt en compagnie de son chat. Des recherches sont lancées dans toute la région. Naska réussit rejoindre la route, et même à prendre un car qui la dépose à Pulju où elle demande asile chez l’habitant. Le lendemain, pour échapper aux recherches, elle repart dans la forêt et arrive par hasard au bout de quelques jours à la cabane pour y demander l’asile, transie et à bout de force. Après une tentative de la ramener à Pulju, les deux hommes se résignent à la garder à la cabane afin de ne pas attirer l’attention.

Pour passer le temps, ils décident de construire autour de la cabane des pièges à renard afin de pouvoir revendre leur fourrure au village. Afin de prévenir tout incident, ils mettent un écriteau d’avertissement à l’intention d’éventuels trappeurs égarés.. / ..

Beaucoup d’humour dans ce roman insolite où des personnages forts différents des uns des autres entrent dans la vie du gangster Rafael Juntunen.

Michel

mardi 20 décembre 2005


LES COMBUSTIBLES
 d’ Amelie Nothomb

Notre appétit de lecture à l’épreuve du néant
L’évêque Rémy baptisant Clovis lui dit « Brûle ce que tu as adoré, adore ce que tu as brûlé »
Face à la guerre qui entoure les trois personnages, les livres de la bibliothèque jeter dans le feu peuvent-ils encore réchauffer ?
Quel livre survit à la guerre ? Quelle phrase reste face au néant ? Le roman d’Amélie Nothomb est iconoclaste ! Les personnages brûlent les livres …. Pour se réchauffer ! Comme dans le film FARENHEIT 451 (la température où brûle le papier) pour anéantir la culture ! La culture sert-elle à quelque chose ?
Toutefois nos trois compères recherchent l’auteur, la le livre, la phrase qu’il faut peut-être garder jusqu’à la dernière extrémité pour rallumer la flamme intérieure.
Le lecteur est embarqué à penser à l’auteur, au livre, à la phrase qui ranime son appétit de vivre. Je pense à cet écrivain haïtien dont la maison, la bibliothèque, à été emportée par le tremblement de terre prononçant ces mots devant les décombres : Que me reste-t-il ? Il me reste la culture !

Richard

lundi 19 décembre 2005


Le club des incorrigibles optimistes
de Frédérick Guénassia
Lauréat du Prix Goncourt des Lycéens 2009


A Léonid, Igor et Sacha et Michel !

Michel, enfant des années 60, déambule dans la Paris du quartier Montparnasse, élève à temps partiel du Lycée Henry IV et surtout assidu au baby-foot du café bougnat où il rencontre Léonid, Igor et Sacha et bien d’autres…

J’ai aimé revisiter avec Michel le narrateur la guerre d’Algérie, les évènements qui taraudent la France colonialiste de l’époque, la division du monde en deux blocs avec l’assassinat des Rosenberg aux Etats-Unis et les horreurs du communisme de fer à l’Est.

Au long de ces 728 pages de l’édition de poche que j’ai lues d’une seule traite, l’auteur a su me tenir en haleine et cerise sur le gâteau me faire découvrir dans les dix dernières pages ce qui oppose si violemment Sacha le photographe et Igor l’ancien chef du département cardiologie du principal hôpital de Léningrad reconverti en chauffeur de taxi parisien après son passage à l’ouest.

Qu’est-ce qu’un quatuor soviétique? C’est un orchestre symphonique qui rentre à Moscou!

J’aurai vraiment aimé boire le champagne de France à la russe en lançant mon verre chez Marcusot le café bougnat quand Igor et Léonid fêtent le passage à l’Ouest du danseur étoile du Kirov Rudolph Noureev qui a faussé compagnie aux flics de l’Est à l’aéroport du Bourget.

Merci Sacha de m’avoir donné envie d’écouter Roméo et Juliette de Serge Prokofiev!

Peut-être m’attaquerai-je à Dostoïevski que tu recommandes à Michel pour la lecture des «carnets du sous-sol».

Bravo à l’auteur de mêler petites histoires et grande histoire, joies intenses de la camaraderie et douleurs profondes liées aux séismes du monde.

Igor et Sacha c’est du lourd comme on dit maintenant!

L’histoire de Léonid, double médaille des héros de l’Union Soviétique pour ses exploits de pilote de chasse pendant la seconde guerre mondiale devenu commandant de bord d’un avion de ligne qui fait Moscou Londres passe à l’ouest!

Les trois compatriotes se retrouvent dans ce club d’échecs que l’auteur appelle Le club des incorrigibles optimistes (titre du roman), ils partagent à Paris violences et joies dans ce club d’échecs hébergé par le patron du café bougnat. Le jeu les fait s’unir, se liguer, construire des mensonges et fêter les bons coups!

Apprendrai-je à jouer aux échecs pour les rencontrer un jour? Ce qui est sûr c’est que je partage avec eux l’envie de briser les murs placés face à moi!
Richard

samedi 17 décembre 2005


« Un don », de Toni Morrison



Au 17ème siècle, en Caroline, aux Amériques
Jacob Vaark, enfant abandonné, est devenu fermier à la tête du domaine de La Barbade à la suite d’un héritage qu’il n’attendait pas. Célibataire et aidé de quelques employés, il a rapidement compris qu’il lui fallait une femme à ses cotés pour gérer la ferme. Il fit donc venir d’Angleterre une européenne qu’il ne connaissait pas, Rebekka, fille d’un bateleur anglais, celui-ci se faisant une joie de tirer quelque argent au fermier et d’avoir une bouche de moins à nourrir. Le hasard faisant parfois bien les choses, Jacob et Rebekka se plurent.
A son arrivée à la ferme, Rebekka fit connaissance avec les domestiques y travaillant, d’abord Lina, l’indienne, rescapée du massacre des habitants de son village de toile, puis Willard et Scully, tous deux européens remboursant encore le prix de leur traversée en années de travail.. Rebekka fut appelée « Mistress » par les esclaves de la ferme, tandis que Jacob portait déjà le surnom de «Sir».
Les aléas de la vie les privèrent de la joie d’avoir des enfants pouvant leur succéder à la tête de la ferme, puisque Rebekka perdit successivement trois garçons en bas âge, et que leur seule fille, Patrician, mourut à l’âge de cinq ans d’une fracture du crâne provoquée par le sabot d’un cheval
Le commerce des esclaves était alors en plein essor, répondant à la demande incessante de main d’œuvre de la part des plantations de cannes à sucre. L’espérance de vie n’excédait pas 18 mois dans les plantations, le nombre d’esclaves étant maintenu artificiellement par un approvisionnement permanent depuis l’Angola. Les conditions de voyage à bord des navires négriers étant épouvantables, les suicides n’y étaient pas rares. Noirs libres, esclaves et engagés avaient mené une guerre perdue d’avance contre les propriétaires locaux, les planteurs, et de nouvelles lois avaient été établies, donnant aux blancs le droit de vie ou de mort sur les noirs. Il s’en était ensuivi un recul social entre planteurs et travailleurs.
C’est dans ce contexte instable qu’un jour Jacob Vaark entreprit un périlleux voyage à cheval le menant dans le Maryland pour y récupérer les créances que lui devait un noble d’origine portugaise du nom d’Ortega. D’une famille d’éleveur de bétail, ce dernier avait opté pour un bien plus lucratif commerce, celui de trafiquant d’esclaves et dirigeait la plantation Jublio. Ruiné à la suite d’un revers de fortune, espérant un délai, il ne put régler sa dette et dut accepter comme solde de tout compte de se séparer d’une esclave, une petite fille nommée Florens que Jacob avait pris en pitié en visitant le domaine. Car étant lui-même enfant abandonné, il possédait un élan de pitié pour les déshérités. Il fut convenu que Florens serait convoyée jusqu’à son domaine après son départ.
Quelques temps plus tard, Jacob recueillit une petite fille blanche du nom de Sorrow, rescapée d’un bateau ayant fait naufrage et sur lequel elle vivait en permanence, son père en étant le capitaine. D’abord recueillie par un bûcheron, celui la céda à Jacob sous la pression de sa femme, inquiète de l’attrait de celle ci sur ses fils. C’est ainsi que se constitua une sorte de famille dirigée par Sir et Mistress, travaillant durement à l’exploitation de la ferme.
Ayant pour passion les maisons, Jacob en construisit plusieurs sur sa terre, et se fit aider par un forgeron, un homme noir libre. C’est à ce moment là que Sorrow tomba gravement malade, atteinte de la peste bubonique. La providence voulut que le forgeron ait un don de guérisseur et puisse sauver Sorrow. Il repartit chez lui en sauveur, son travail de ferronnerie achevé.
La fatalité voulut hélas que la maladie s’abatte à nouveau dans la famille.
Avec en arrière plan le sujet douloureux de l’esclavage, ce roman nous dépeint les vicissitudes de l’existence accablant chacun des personnages évoluant dans un monde cruel et imprévisible, Racisme, obscurantisme, non respect de la personne humaine, rapacité et injustice, s’opposent au courage, à la fraternité régnant entre les personnages vivant à la ferme de Jacob Vaark.
 
Michel