(Patientez un peu, une colonne importante va apparaitre sur la droite mais Blogspot est un peu lent...)


lundi 23 avril 2007


 L’héritage d’Ester 
 de Sando Marai


En Hongrie, au cours des années 30
Ester, femme de caractère, a déjà vécu l’essentiel de sa vie et vit dans une grande maison délabrée avec sa servante, nounou en compagnie de ses souvenirs. Sans argent pour vivre, c’est du jardin qu’elles retirent leur subsistance.
Jadis, sa famille était aisée, mais une gestion erratique du patrimoine a au fil des années bien entamé celui-ci. Puis il y a aussi Lajos, ami de son frère Laci, apparu dans son environnement familial.
Car Lajos est charmant, fabulateur hypnotisant son entourage… et escroc ; sous son influence, le mode de vie plutôt sobre de la famille devint mondain, faisant vivre celle-ci au-dessus de ses moyens. Et c’est ainsi que les dernières miettes de la fortune familiale s’envolèrent.
Lajos devait de l’argent à tous les membres de son cercle familial et même au-delà, personne n’osant lui demander réparation, Lajos ayant le pouvoir de rendre incongrue toute demande de remboursement.
Envoûtée, Ester avait été sensible à son charme, Lajos lui ayant même dit qu’il l’aimait. Mais tout se passa autrement puisqu’il choisit sa sœur Vilma comme épouse avec qui il eut une fille, Eva.
Après qu’il ait quitté la région au moment des fiançailles, deux soupirants se manifestèrent auprès d’Ester : Tibor, puis Endre, tous deux amis de la famille qu’elle éconduisit avec douceur, préservant ainsi leurs amitiés et sa propre solitude. Tibor révèlera plus tard avoir compris du refus d’Ester qu’elle aimait Lajos.
C’est vingt-deux ans plus tard que Lajos annonça sa visite, provoquant une montée de souvenirs et de crainte chez les deux femmes. Qu’allait-il leur prendre cette fois ci à elles qui vivaient si chichement
Serait-ce « la » bague, trésor de la famille depuis des générations que détient Ester ? C’est à l’occasion du décès de sa femme que Lajos avait offert à Ester la bague que possédait Vilma et qui lui avait été échu en tant que fille aînée - maintenant qu’elle était décédée, c’était à Ester sa cadette de la détenir, prétendait-il. Connaissant Lajos toujours à court d’argent, Ester doutait que la bague soit encore authentique, ce que confirma sa servante qu’il l’avait faite secrètement expertiser : la pierre avait été remplacée par une imitation. A quelques jours de sa venue, Lajos venait de décevoir une fois de plus Ester.
Lajos arriva, accompagné de sa fille, Eva et de son fiancé. Le charme de Lajos opérait toujours, il n’avait pas changé seulement un peu vieilli. Esther eut une conversation avec Eva qui la laissa bouleversée : Celle-ci lui révéla que son père lui avait écrit trois lettres au moment de ses fiançailles avec sa mère, Vilma, et qu’il l’implorait de partir avec lui. Ces lettres ne parvinrent jamais jusqu’à Ester. Qui les lui avait soustraites afin qu’elle ne les lise pas ?
La prédestination existe-t-elle ? Deux êtres humains peuvent-ils se reconnaître à temps, comprendre qu’ils sont complémentaires et même prédestinés ? Le titre que Sando Marai a choisi, « l’héritage d’Ester », n’évoque pas tant le constat matériel établi à l’aube de la vieillesse d’Ester que celui de ses actions et des choix faits une vingtaine d’années plus tôt. L’épisode de la bague devenue fausse est symbolique elle aussi.
L’auteur décrit dans son roman les destins contrariés de deux êtres humains n’ayant pas su forcer le destin pendant qu’il en était encore temps, leur vie d’« après » ne leur apportant pas les promesses qu’ils auraient pu en attendre.
Une fresque romantique passionnante construite exclusivement sur les émotions et les sentiments.


Michel ALLAIN