« Le
voisin », de Tatiana de Rosnay
De
nos jours, dans une grande ville.
Colombes
Barou semble être une femme comblée. Douze années de mariage sans
nuage, un mari souvent absent mais aimant et deux enfants qu’elle
adule. Cerise sur la gâteau, elle trouve un bel appartement à louer
situé au quatrième étage d’un immeuble tranquille, ce dernier
point étant d’une importance capitale, car avoir une bonne nuit de
sommeil lui est indispensable. En effet, Colombes exerce la dure
profession de nègre, réécrivant les esquisses de romans
d’écrivains sans talents, ou pire, des biographies réalisées à
partir d’interviews faits à la va-vite. Car de caractère trop
timide, elle n’a jamais osé se s’exposer devant le public et
subit sans se l’avouer les frustrations de son métier.
Hélas,
Colombes doit vite déchanter suite au tapage nocturne produit dès
3h30 du matin par le voisin demeurant au dessus de sa chambre, et ce
bizarrement lors des déplacements de son mari.
Ses
nuits blanches perturbent les relations avec celui ci qui ne veut pas
la croire, et aussi le bon déroulement de son travail.
Tout
le bel équilibre qui régnait dans son existence est remis en cause
par le voisin indélicat.
Les
ennuis semblent s’accumuler lorsque Régis, son éditeur, propose à
la sage Colombes un travail inhabituel, celui de travailler pour une
artiste sulfureuse et d’écrire un livre tout autant sulfureux, ce
qui est diamétralement opposé à son style habituel. Et c’est
dans la douleur qu’elle entreprend ce travail qui lui semble contre
nature, et en dépit du manque de sommeil.
Contre
toute attente, ce travail réussit à la faire sortir de la femme
introvertie qu’elle était, et elle écrit un livre qui sera un
succès.
Admiratif,
son éditeur la considère sous un œil nouveau - Plus encore,
imprégnée du livre qu’elle vient d’écrire, sa personnalité
change, tout comme son aspect vestimentaire - son mari ne la
reconnaît plus et s’absente de plus en plus. Colombes est
maintenant une femme libérée.
Cependant,
on ne peut lutter contre le manque de sommeil éternellement, et
épuisée, elle est ensuite incapable de réitérer son exploit et
cesse même d’aller travailler. Pour se venger du voisin
responsable de sa situation, Colombes, à bout de nerfs, subtilisant
les clefs du concierge de l’immeuble afin d’en faire une copie,
décide de pénétrer dans l’appartement du voisin inconnu pour y
semer ainsi régulièrement le désordre - elle y assomme même celui
ci rentré prématurément chez lui. Cherchant à joindre en urgence
son mari dans son hôtel, elle apprend incidemment qu’il y mène
une double vie depuis longtemps. Son couple vole alors en éclats…/
….
Ce
roman nous décrit un mal de la vie moderne : le bruit et ses
répercussions sociales.
Ici,
un voisin indélicat perturbe impitoyablement le sommeil d’une
jeune femme, avec des conséquences importantes et irréversibles sur
la vie familiale et professionnelle de celle ci. Le voisin devient pour la jeune femme l’ennemi, son existence l’obsède, reléguant au second plan le reste de l’univers dans ce drame psychologique qui se joue en vase clos.
La jeune femme, et même le voisin verront leurs existences bouleversées par cette situation qui les dépassera et n’en sortiront pas indemnes. Les conséquences seront elles positives ou négatives sur le long terme sur la vie de chacun d’eux ? tel est le débat proposé par l’auteur du livre.
Michel