« Lune
captive dans un œil mort », de Pascal Garnier
De nos jours, dans le sud de la France.
«Les
conviviales », tel est le nom de la résidence sécurisée
pour retraités qu’ont choisie Martial et Odette Sudre, tout
fraîchement arrivés de Suresnes, pour y finir leur vie. Confort,
sécurité et soleil leur ont été promis par monsieur Dacapo,
l’agent immobilier….et pourtant…
Car
ils ne peuvent s’empêcher de ressentir un sentiment de profonde
solitude en contemplant leur pavillon qui est strictement identique à
tous les autres pavillons pour l’instant inoccupés.
La
piscine et le club house sont déserts et le soleil brille par son
absence; un mur d’enceinte isole le village du monde extérieur,
l’accès se faisant par un portail activé par télécommande. Le
gardien, Mr Fresch, personnage ombrageux et un brin inquiétant,
veille sur la résidence. On est loin du paradis décrit dans le
dépliant publicitaire présenté par l’agent immobilier.
C’est
donc avec un réel soulagement qu’ils font connaissance d’un
second couple de retraités, Maxime et Marlène Node, qui s’installe
dans un pavillon proche du leur. Les nouveaux arrivants sont plus
raffinés, sportifs, « m’as-tu vu », et originaires
d’Orléans. Ils ont un fils, Régis, brillant avocat.
Puis
arrive une personne « seule », Léa, célibataire encore
belle, ce qui déclenche des interrogations parmi les Node et les
Sudre. Celle-ci arrive de Paris et n’a rien du profil d’une
retraitée.
Nadine,
l’animatrice, arrive le lendemain et provoque une réunion au club
house afin que des liens se nouent entre les retraités..
Les
choses commencent à se gâter lorsque Maxime tente de séduire Léa
qui l’éconduit, lui apprenant par la même occasion que seule la
gente féminine l’intéresse. Pour se consoler, Maxime va faire du
golf avec Martial, mais un lumbago l’immobilise, le contraignant à
s’asseoir en permanence dans une chaise roulante.
Le
lendemain, le sang coule, les retraités émotionnés aperçoivent le
gardien tuant un malheureux chat à coup de pelle.
C’est
alors que la rumeur comme quoi des gitans en grand nombre se seraient
installés non loin de la résidence provoque une psychose parmi les
retraités. Maxime sort de ses bagages un revolver pour se protéger
ayant cru entendre un gitan voulant pénétrer par effraction chez
lui, et tire à travers la porte de son pavillon alors que Martial
s’apprêtait à lui rendre visite. Le drame est évité de
justesse, mais suscite chez Martial la question de savoir ce que l’on
ressent lorsque l’on tue une personne, sensation que semble
connaître Maxime qu’il envie.
Lors
de la réunion journalière au House Club, Maxime apprend que le
gardien a eu vent de l’incident du revolver par Léa qui l’avait
appris elle-même par Odette. Cela provoque la colère de celui-ci
qui se venge en révélant à tous que Léa est lesbienne – il
quitte à pied le House Club, et par impatience envers son épouse
qui l’agace, révèle à tous un secret de famille, à savoir que
Régis, leur fils, est mort d’overdose dans un squat à l’âge de
16 ans. De surcroît, il oublie le revolver qu’il avait caché sous
le coussin de sa chaise roulante qu’il a abandonnée sur place.
Martial
se saisit par inadvertance du revolver et rentre chez lui. Sur le
trajet, il abat le gardien, Mr Flesh, alors que celui-ci taillait un
buisson. Martial connaît maintenant la sensation de tuer…/…
Un
roman au style dépouillé allant à l’essentiel et où nous est
présenté dans un cadre sensé être paradisiaque tous les
ingrédients qui conduiront un inoffensif groupe de retraités à la
psychose et finalement au désastre.
Michel