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vendredi 20 mai 2005

« Le Loup des steppes » de Hermann HESSE



Début des années 30, en Allemagne. Dans une petite ville de province, un homme âgé d’une cinquantaine d’années d’allure sombre et soignée loue une chambre meublée dans une belle maison cossue. L’environnent qu’il y crée est tout à l’opposé de celle ci, plancher encombré de piles de livres où quelques bouteilles de vin trouvent difficilement place, murs recouverts de peintures, de photos et d’articles de journaux : Voici l’antre d’un penseur tourmenté se dévouant exclusivement à la réflexion.
Cet homme étrange et solitaire s’appelle Harry Haller, relate ses réflexions dans des carnets « réservés aux insensés », et « le loup des steppes » est le surnom qu’il s’y donne.

Rejetant la bourgeoisie et ses valeurs, mais vivant paradoxalement de ses rentes, il se plaît néanmoins au coté de celle-ci, conscient de lui appartenir. En contradiction avec lui-même, sa quête d’absolu est mise à mal, source de souffrances. Car Harry aspire à l’absolu, à la pureté.

Or, le monde qui l’entoure est indifférent à sa quête du graal, jouissant de la vie tout en ignorant ses compromissions, préparant même et sans état d’âme la guerre de demain voulue par le monde des affaires et de la finance. En cette période de l’entre deux guerre, son engagement de pacifiste anti militariste lui vaut d’être régulièrement attaqué par la presse nationaliste allemande

Le loup des steppes ne trouve donc pas de réponses à ses réflexions; par exemple, comment expliquer que dans l’âme humaine la sauvagerie du loup puisse côtoyer les qualités altruistes de l’homme ? Que le saint et le débauché puissent y cohabiter ? N’y a-t-il que le suicide en dernier recours ?

Harry est donc un fou, un Don Quichotte menant un inutile combat contre les moulins à vent de la société, combat dont il sort profondément meurtri.

Traversant des périodes sombres ponctuées d’hallucinations, telle cette vision de la porte d’un théâtre magique qu’il ne peut ouvrir, Harry erre dans la ville au gré de ses humeurs. De restaurants huppés en modestes bistrots, il croise des personnages pourtant bienveillants dont il ne peut s’empêcher de relever les contradictions plus ou moins ouvertement… S’il perd ainsi l’amitié de certains, il gagne heureusement l’affection d’Hermine, jeune femme pleine de vie qui réussit le tour de force de lui apprendre à danser, et de Pablo, saxophoniste, qui lui ouvre la porte du théâtre magique dont il ressortira transformé.



Ce livre au premier abord dérangeant renvoie le lecteur à ses propres contradictions, puis l’entraîne dans les méandres d’un raisonnement humain implacable qui pourtant se terminera avec une note d’espoir; au fil des pages, on ne peut que se laisser séduire par ce livre étrange comme l’est son personnage.
Michel