« Le
chapeau de Mitterrand»
Antoine Laurain
En
1988, à Paris
Daniel
Mercier est un homme sans histoire, menant une vie tranquille avec sa
femme Véronique et son fils Jérôme. Directeur adjoint au service
financier de la SOGETEC dirigé par Jean Maltard récemment nommé à
ce poste, Daniel supporte mal le stress généré par la nouvelle
réorganisation mise en place par celui-ci. Il sait que cela
n’annonce rien de bon pour l’entreprise et donc pour lui.
Un
jour, sa femme et son fils étant partis chez ses beaux parents, il
se retrouve seul chez lui avec son stress et décide d’aller dîner
en célibataire à la belle brasserie où il s’était rendu voici
peu en compagnie de son épouse et de son fils.
Seul
alors dans la salle, assis à sa table, il déguste pensivement ses
fruits de mer et ressasse ses soucis professionnels. Et c’est avec
stupéfaction qu’il prend conscience de l’identité d’un homme
qui vient juste de s’installer à la table voisine : François
Mitterrand, bientôt rejoint par Roland Dumas.
Se
sentant vivre un moment historique, il ne peut hélas que percevoir
des bribes de conversation parsemée de noms illustres entendus à la
télévision et maintenant prononcée presque devant lui par le chef
de l’Etat, ce qui le laisse pantois.
Le
repas se terminant, Daniel voit le Chef de l’Etat le saluer et
quitter la salle… sauf que Daniel s’aperçoit peu après qu’un
objet oublié est resté sur la banquette : un chapeau noir,
chapeau qu’il reconnaît sans peine pour savoir qu’il appartient
à son illustre voisin de table qui a quitté la brasserie… et
plutôt que de le porter au vestiaire, c’est pour marquer cet
évènement qui vient de se produire qu’inexplicablement Daniel
décide de le garder, telle une relique ; rentrant chez lui, un
sentiment d’assurance et de bien être l’envahit inexplicablement
pendant qu’il contemple avec émerveillement les deux lettres
imprimées au fond du chapeau : « F.M »
Le
lendemain matin, le chapeau sur sa tête, il se rend d’un pas
alerte à une importante réunion portant sur la réorganisation du
service. Et c’est devant les regards médusés de ses collègues
qui le connaissent pour son habituelle discrétion que Daniel sort
pour la première fois de sa réserve légendaire, bousculant
brillamment les arguments de Jean Maltard qu’il remet en cause, et
prenant le contrôle de la réunion sous le regard admiratif du
Directeur Générale de la Sogetec.
Ce moment sonne le déclin de Jean Maltard et l’ascension de Daniel
Mercier.
Un
banal objet égaré par son propriétaire qui, au gré de l’auteur
du roman, le fait passer de tête en tête, peut-il influer sur la
personnalité et le destin de ceux qui l’auront porté ? Tel
est le propos de ce réjouissant roman remplit de dynamisme et
d’humour, et qui sans jamais se prendre au sérieux, nous distrait
agréablement
Michel
Michel
ALLAIN