« La
forêt des renards pendus »,
d’Arto Paasilinna
En
Suède, de nos jours
Rafael
Juntunen est un gangster heureux, puisqu’il mène grand train de
vie à Stockholm, profitant du butin amassé lors d’un hold-up
effectué avec l’aide de deux complices, Siira, meurtrier
sanguinaire, et Sutinen, ancien conducteur de bulldozer un peu
simplet. Ces deux derniers sont en prison, capturés au cours de
l’opération et attendant impatiemment la fin de leur peine pour
profiter de leur part que leur garde Rafael Juntunen. Ce dernier a
caché ses lingots d’or dans sa ferme natale, débitant ceux-ci
en fins copeaux pour les revendre en fonction de ses besoins
d’argent. Rafael rend bien visite en prison à ses complices, mais
ses venues s’espacent, l’idée de partage s’estompant peu à
peu. Il décide tout bonnement un jour de garder tout l’or pour
lui. Son naïf complice Sutinen étant prématurément sorti de
prison pour bonne conduite, il n’hésite pas à le faire tomber le
lendemain de sa sortie dans une machination qui le ramène illico en
prison.
C’est
après cet épisode que Rafael Juntunen décide de quitter le pays,
craignant le mauvais sort que lui promet son autre complice toujours
emprisonné, le sanguinaire Siira. Alors, c’est la Floride, puis
New-York où il est dévalisé, et enfin le piteux retour en Suède
pour y retrouver son or. La crainte lui fait opter pour une contrée
désertique, là où son dangereux complice n’aura pas l’idée de
le chercher : la Laponie, en Finlande, et plus précisément un lieu
désolé situé à une journée et demi de marche du village de
Pulju, au pied du mont Potsurais, là où coule le ruisseau de
Kuopsu. Ayant établi péniblement son campement, il cache l’or au
pied d’une petite crête sablonneuse. Lui et son trésor sont enfin
en sécurité. Du moins, il le croit.
Car
dans le même temps, des manœuvres militaires se déroulent dans les
environs et sont conduites par le chef de bataillon Gabriel Remes,
militaire du génie ayant un fâcheux penchant pour l‘alcool de
bigarade. Si les manoeuvres militaires se déroulement parfaitement,
un fait bizarre a lieu, à savoir qu’un civil en état d’épuisement
physique refuse d’obtempérer suite à l’ordre de quitter le
champ de manœuvre et reste obstinément au pied du mont Potsurais.
Celui ci s’appelle Rafael Juntunen. Les manœuvres terminées,
Gabriel Remes, qui a entamé son congé sans solde et dont la
curiosité a été piquée, se rend au campement pour faire
connaissance avec le civil. Celui-ci voulant cacher sa profession
« illicite » se présente comme « conservateur
adjoint à la bibliothèque de l’université de Helsinki »
chargé d’étude sur les lichens proliférant dans cette région.
Gabriel Remes n’est pas en reste non plus, embellissant son cursus
militaire et social.
Les
deux hommes sentent qu’une association serait profitable à chacun
d’eux, l’un étant riche, l’autre ayant les compétences pour
survivre dans ce milieu hostile. Ils décident tout deux de former
une équipe de chercheurs d’or et de s’établir dans une cabane
de bûcheron abandonnée. Un renard qu’ils prénomment « cinq
cent balles » parce qu’il leur a subtilisé un billet de
banque leur tient compagnie, mais à bonne distance. Le confort de
l’hôtel de Stockholm lui manquant, Rafael aménage peu à peu la
cabane luxueusement, y installant groupe électrogène et salle de
bain, ainsi qu’une prison à l’intention de Gabriel pour être
sûr de n’être pas suivi par celui ci durant le temps qu’il
irait contempler son or.
Durant
ce temps, bien plus au nord, dans la bourgade de Sevettijarvi, la
doyenne du village, Naska Mosnikoff, est invitée en grande pompe
par le conseil municipal à entrer la maison de retraite. Celle-ci
refuse et s’échappe durant son transfert et s’enfonce dans la
forêt en compagnie de son chat. Des recherches sont lancées dans
toute la région. Naska réussit rejoindre la route, et même à
prendre un car qui la dépose à Pulju où elle demande asile chez
l’habitant. Le lendemain, pour échapper aux recherches, elle
repart dans la forêt et arrive par hasard au bout de quelques jours
à la cabane pour y demander l’asile, transie et à bout de force.
Après une tentative de la ramener à Pulju, les deux hommes se
résignent à la garder à la cabane afin de ne pas attirer
l’attention.
Pour
passer le temps, ils décident de construire autour de la cabane des
pièges à renard afin de pouvoir revendre leur fourrure au village.
Afin de prévenir tout incident, ils mettent un écriteau
d’avertissement à l’intention d’éventuels trappeurs égarés..
/ ..
Beaucoup
d’humour dans ce roman insolite où des personnages forts
différents des uns des autres entrent dans la vie du gangster
Rafael Juntunen.
Michel