« Un
don », de Toni Morrison
Au
17ème
siècle, en Caroline, aux Amériques
Jacob
Vaark, enfant abandonné, est devenu fermier à la tête du domaine
de La Barbade à la suite d’un héritage qu’il n’attendait pas.
Célibataire et aidé de quelques employés, il a rapidement compris
qu’il lui fallait une femme à ses cotés pour gérer la ferme. Il
fit donc venir d’Angleterre une européenne qu’il ne connaissait
pas, Rebekka, fille d’un bateleur anglais, celui-ci se faisant une
joie de tirer quelque argent au fermier et d’avoir une bouche de
moins à nourrir. Le hasard faisant parfois bien les choses, Jacob et
Rebekka se plurent.
A
son arrivée à la ferme, Rebekka fit connaissance avec les
domestiques y travaillant, d’abord Lina, l’indienne, rescapée du
massacre des habitants de son village de toile, puis Willard et
Scully, tous deux européens remboursant encore le prix de leur
traversée en années de travail.. Rebekka fut appelée « Mistress »
par les esclaves de la ferme, tandis que Jacob portait déjà le
surnom de «Sir».
Les
aléas de la vie les privèrent de la joie d’avoir des enfants
pouvant leur succéder à la tête de la ferme, puisque Rebekka
perdit successivement trois garçons en bas âge, et que leur seule
fille, Patrician, mourut à l’âge de cinq ans d’une fracture du
crâne provoquée par le sabot d’un cheval
Le
commerce des esclaves était alors en plein essor, répondant à la
demande incessante de main d’œuvre de la part des plantations de
cannes à sucre. L’espérance de vie n’excédait pas 18 mois dans
les plantations, le nombre d’esclaves étant maintenu
artificiellement par un approvisionnement permanent depuis l’Angola.
Les conditions de voyage à bord des navires négriers étant
épouvantables, les suicides n’y étaient pas rares. Noirs libres,
esclaves et engagés avaient mené une guerre perdue d’avance
contre les propriétaires locaux, les planteurs, et de nouvelles lois
avaient été établies, donnant aux blancs le droit de vie ou de
mort sur les noirs. Il s’en était ensuivi un recul social entre
planteurs et travailleurs.
C’est
dans ce contexte instable qu’un jour Jacob Vaark entreprit un
périlleux voyage à cheval le menant dans le Maryland pour y
récupérer les créances que lui devait un noble d’origine
portugaise du nom d’Ortega. D’une famille d’éleveur de bétail,
ce dernier avait opté pour un bien plus lucratif commerce, celui de
trafiquant d’esclaves et dirigeait la plantation Jublio. Ruiné à
la suite d’un revers de fortune, espérant un délai, il ne put
régler sa dette et dut accepter comme solde de tout compte de se
séparer d’une esclave, une petite fille nommée Florens que Jacob
avait pris en pitié en visitant le domaine. Car étant lui-même
enfant abandonné, il possédait un élan de pitié pour les
déshérités. Il fut convenu que Florens serait convoyée jusqu’à
son domaine après son départ.
Quelques
temps plus tard, Jacob recueillit une petite fille blanche du nom de
Sorrow, rescapée d’un bateau ayant fait naufrage et sur lequel
elle vivait en permanence, son père en étant le capitaine. D’abord
recueillie par un bûcheron, celui la céda à Jacob sous la pression
de sa femme, inquiète de l’attrait de celle ci sur ses fils. C’est
ainsi que se constitua une sorte de famille dirigée par Sir et
Mistress, travaillant durement à l’exploitation de la ferme.
Ayant
pour passion les maisons, Jacob en construisit plusieurs sur sa
terre, et se fit aider par un forgeron, un homme noir libre. C’est
à ce moment là que Sorrow tomba gravement malade, atteinte de la
peste bubonique. La providence voulut que le forgeron ait un don de
guérisseur et puisse sauver Sorrow. Il repartit chez lui en sauveur,
son travail de ferronnerie achevé.
La
fatalité voulut hélas que la maladie s’abatte à nouveau dans la
famille.
Avec
en arrière plan le sujet douloureux de l’esclavage, ce roman nous
dépeint les vicissitudes de l’existence accablant chacun des
personnages évoluant dans un monde cruel et imprévisible, Racisme,
obscurantisme, non respect de la personne humaine, rapacité et
injustice, s’opposent au courage, à la fraternité régnant entre
les personnages vivant à la ferme de Jacob Vaark.
Michel