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samedi 24 décembre 2005

« Notre-Dame du Nil »
 de Scholastique Mukasonga
 
 
 
Au Rwanda, en 1970, dans un lycée isolé dans la région montagneuse du Congo-Nil, non loin de la commune de Nyaminombe Le lycée « Notre Dame du Nil » est réservé exclusivement aux jeunes filles de l’élite rwandaise et a été érigé dans les montagnes, à 2493 m d’altitude, près de la source du Nil, loin de l’agitation des villes. Près de la source du fleuve se dresse une vierge noire appelée « Notre Dame du Nil », but de pèlerinage de la population locale, les lycéennes s’y rendant une fois par an, Dans le lycée que dirige une mère supérieure, sœurs catholiques, aumônier, professeurs belges et coopérants français enseignent les principes démocratiques et chrétiens aux chastes jeunes filles hutues et tutsies qui pourront, grâce aux diplômes qu’elles recevront, trouver les meilleurs partis dans les classes supérieures de la société. A l’image de la répartition démographique et sociale du pays où les hutus (à l’origine agriculteurs) sont majoritaires et dirigent le pays, seulement dix pour cent de tutsies (à l’origine éleveurs) sont admises dans les effectifs du lycée. Dans la classe de terminale, deux élèves tutsies seulement, Virginia et Véronica, essaient de s’intégrer dans le groupe d’élèves composé de hutues parmi lequel se trouvent Godelive, Immaculée, Modesta, Gioretti et surtout la redoutable Gloriosa, ennemie jurée des tutsis qu’elle aimerait faire exclure du lycée. En plus de leurs cours, la vie des lycéennes est émaillée d’anecdotes mettant en scène Kagabo le guérisseur, Rubanga le sorcier, Nyamirongi la faiseuse de pluie ainsi que monsieur de Fontenaille, pittoresque peintre et anthropologue habitant la plantation de café voisine. Celui ci affirme en effet que les tutsis descendent des pharaons noirs de Méroé de par leur morphologie et leur beauté, exacerbant un peu plus la jalousie des hutus déjà furieux de savoir que la statue de la vierge noire a les traits d’une tutsis….Pour prouver ses dires, l’anthropologue invite discrètement Véronica et Virginia à venir contempler chez lui de grandes peintures murales qu’il a peintes et qui représentent la déesse Isis qui ressemble à s’y méprendre à Véronica, ainsi que la reine de Candace, portrait craché de Virginia. Pour accentuer les ressemblances, il pare les deux lycéennes de vêtements et de parures égyptiennes. Troublées par toutes ces révélations, les lycéennes regagnent le lycée sans être vu de personne. Véronica y retournera régulièrement, mais seule, car séduite d’être l’héroïne des mises en scène du vieil anthropologue, tandis que Virginia devra subir un désenvoûtement par le sorcier Rubanga pour la délivrer d’un cauchemar récurent où apparaissent la déesse Isis et ses serviteurs. Un événement d’importance se précise alors par l’annonce de la prochaine venue de la reine Fabiola, souveraine des belges désireuse d’encourager la politique de promotion féminine du gouvernement rwandais. Les préparatifs vont bon train et monopolisent tout le lycée : les professeurs se réjouissent à l’idée d’être présenté à la reine, on tend du tissu sur les murs de la grande salle d’étude, chansons et danses patriotiques sont imposées par Gliorosa qui n’a pas hésité pas à censurer ce qui doit l’être. Le rythme du quotidien s’accélère avec le va et vient des autorités de l’Etat, du service de sécurité de la reine et des journalistes trop indiscrets. Une haie d’honneur formée par les villageois est prévue entre le village et le lycée. Puis c’est la déception avec l’annonce de la brièveté de la visite de la reine qui a un emploi du temps trop surchargé. Avec du retard, celle-ci arrive avec sa suite, abrégeant le protocole afin de respecter son emploi du temps. Elle visite néanmoins toutes les classes, puis repart, seul son immense chapeau restant dans les mémoires des lycéennes. Gloriosa fait part à Modesta d’un projet auquel elle pense depuis longtemps ; celui de se rendre en secret à la source du Nil et d’y couper le nez de la statue « Notre Dame du Nil » qu’elle trouve trop semblable à celui des Tustis, pour le remplacer ensuite par un nez en accord avec celui du peuple majoritaire du Rwanda, les Hutus… / … Un roman dépeignant les signes avant coureurs de ce que sera le génocide tutsi au Rwanda vingt ans plus tard, fruits de l’intolérance et du mépris des adultes transmis à leurs enfants.
 
Michel